Mais l'Algérie romaine, cinq siècles après Carthage, devait à son tour disparaître. Des barbares, les Vandales, venus d'Espagne après avoir traversé toute l'Europe occidentale, eurent facilement raison, de 427 à 430, des cités romaines d'Algérie, mal défendues par un pouvoir central affaibli. Ce fut pour elles la ruine et, pour les populations indigènes; le retour à la vie précaire, au nomadisme, à l'isolement. Un peu plus tard lorsque, rétabli à Constantinople, l'empire romain connut une nouvelle prospérité et un nouveau prestige, il reprit pied en Afrique du Nord, mais avec uniquement le souci d'assurer la défense du territoire. Ce qui restait debout des monuments romains servit à construire des retranchements et des remparts. C'est l'époque byzantine de l'histoire de l'Algérie; elle n'a laissé que peu de traces. Un siècle et demi après la restauration byzantine, de nouveaux envahisseurs apparaissent; ils arrivaient, ceux-là, de l'Asie orientale, par l'Égypte et la côte libyenne, refoulant devant eux les défenseurs de l'empire romain d'Orient comme les berbères autochtones, ils occupent toute l'Afrique du Nord, atteignant Gibraltar, font la conquête de l'Espagne et débordent jusqu'en France, d'où ils sont finalement chassés, en 732, par Charles Martel, le vainqueur de Poitiers.

Avec eux, l'Islam s'installait en Afrique du Nord. Cette religion nouvelle, modifiant profondément les mœurs, rompant avec le passé, devait imprimer à la vie algérienne un caractère entièrement nouveau, en opposition avec la civilisation chrétienne qui s'y était implantée et dont les représentants allaient, pendant douze siècles être traités en ennemis. C'est l'Algérie arabe que découvrirent les troupes françaises de la conquête lorsqu'elles pénétrèrent à l'intérieur du pays après avoir vaincu les princes turcs et les chefs de pirates barbaresques installés clans les villes et les ports de la côte. C'est à cette civilisation mahométane que l'Algérie doit le décor oriental de ses villes, leurs palais, leurs mosquées, leurs cimetières, leurs casbahs, comme elle lui doit d'avoir été si longtemps fermée à toute influence chrétienne comme à tout rappel de la domination romaine.

Alger. - Un coin du port.

Alger. - Un coin du port.

Avant d'entreprendre à travers l'Algérie le voyage qui nous en fera connaître les différents aspects, il ne sera pas pour nous sans intérêt d'avoir une vision d'ensemble, au point de vue géographique, du territoire dont nous connaissons à présent, dans ses grandes lignes, l'histoire. Après avoir en quelque sorte survolé l'Algérie dans le temps, nous allons la survoler dans l'espace.

Ce qui frappe tout d'abord le voyageur qui aborde la côte algérienne c'est l'escarpement du rivage. Une ligne presque ininterrompue de hautes falaises battues des flots se dresse, en avant de bastions montagneux alternativement arides ou boisés, avec, à l'arrière-plan, la silhouette de montagnes aux sommets enneigés une grande partie de l'année. Il faut franchir ce front de mer fièrement dressé et pénétrer dans l'intérieur des terrés par l'un des rares ports naturels qui y donnent accès pour se rendre compte qu'entre les hauteurs constituant ces étages successifs s'étendent de vastes étendues au relief plus atténué, des territoires cultivés, peuplés de villes et de villages.