L'ossature montagneuse de l'Algérie se compose, schématiquement, de deux chaînes suivant une ligne générale oblique par. rapport au rivage et qui, presque soudées l'une à l'autre a l'Est, où leurs pentes nord plongent directement clans la mer, s'éloignent progressivement comme les deux branches d'un compas ouvert en direction du sud-ouest et dont la charnière serait solidement fixée à la côte.
Ces deux chaînes divergentes, qui se prolongent jusqu'à l'Océan en territoire marocain, c'est l'Atlas. Elles comportent des sommets échelonnés de 2.000 à 4.500 mètres d'altitude.

Vallée de l'oued Cheliff à Boghari

On donne généralement le nom d'Atlas tellien à la chaîne la plus septentrionale, d'Atlas saharien à celle qui s'étend au Sud. Si l'on va à travers le pays, du Nord au Sud, on rencontre Successivement trois zones nettement caractérisées : entre la Côte et l'Atlas tellien, parallèlement à la mer, une grande plaine, cultivée de toute éternité, le Tell; entre les deux chaînons divergents de l'Atlas, de hauts plateaux, dont l'altitude oscille entre 500 et 1.200 mètres, dans l'ensemble peu cultivés, avec d'immenses lagunes et des lacs salés plus ou moins desséchés; au-delà de l'Atlas saharien enfin, le désert, étendant à l'infini ses dunes de sable et ses plaines dépouillées, avec, dans la partie avoisinant la frontière tunisienne, des dépressions dont le point le plus bas est à 30 m. au-dessous du niveau de la mer.

Un seul fleuve, l'Oued Cheliff, descendant de l'Atlas saharien, atteint la mer après avoir traversé la zone des hauts plateaux et la région du Tell. A part lui, les seuls cours d'eau se jetant dans la Méditerranée sont des torrents ayant leur source sur les pentes nord de l'Atlas tellien. Quant aux cours d'eau des hauts plateaux, quelle que soit leur origine, ils se perdent plus ou moins rapidement dans leurs propres alluvions, formant dans les dépressions des lacs temporaires, le plus souvent à sec; il en est de même de ceux qui descendent du versant méridional de l'Atlas saharien : le désert les absorbe dans ses sables. Ils constituent souvent de véritables rivières souterraines alimentant les puits et les sources autour desquels se forment les oasis.

Vallée de l'oued Cheliff à Boghari.

Notons enfin que l'Algérie n'a pas de frontières naturelles bien marquées et qu'il serait difficile, géographiquement parlant, d'indiquer en quoi son territoire se différencie, à l'Est, de la Tunisie, à l'Ouest, de la partie orientale et méditerranéenne du Maroc. En fait, l'Algérie est une tranche de l'Afrique du Nord dont les limites orientales et occidentales n'existent qu'en raison des circonstances historiques. De plus en plus, l'action concertée des gouvernements généraux des trois éléments dont se compose l'Afrique du Nord française tend à multiplier les liens entre l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, et à en faire, à tous égards, un tout, comme le veut la géographie et comme, depuis peu, le veut aussi l'histoire.