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200 kilomètres à couvrir sur une piste tracée à travers un plateau d'aspect plutôt sévère, le pays des mirages, solitude pierreuse où le voyageur, quelque peu angoissé, croit voir paraître et disparaître à l'horizon de claires étendues d'eau reflétant le panache d'innombrables palmiers. Parmi ces visions incertaines et mouvantes un point fixe paraît pourtant bientôt : une blanche flèche dominant un étrange amoncellement de constructions également blanches, c'est Ghardaïa, capitale du M'zab, pays longtemps secret où se réfugia, au XIe siècle, une secte puritaine persécutée dont les descendants ont conservé les
mœurs et les usages caractéristiques. Sept villes sont ainsi groupées autour de quelque 3.000 puits : Ghardaïa, avec plus de 10.000 habitants, Melika, Beni-Isguen, Bou-Noura, Berriane, Guerrara et enfin El-Ateuf, la plus ancienne, extraordinaire amas de cubes si nets qu'on les prendrait facilement pour un entassement de dés à jouer d'ivoire. |
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Voici, dans sa belle palmeraie, Timimoun, où nous pourrons séjourner, si le cœur nous en dit, au curieux hôtel saharien de la Transatlantique. Poursuivons notre route vers l'Ouest par Béni-Abbès, Colomb-Béchar, belle oasis arrosée d'un "oued " bien plaisant à contempler après tant de sables et nous atteindrons, à Béni-Ounif de Figuig, la frontière marocains, longtemps infranchissable en ce point car la partie du Maroc qui s'étend au sud du Grand Atlas était restée le refuge des tribus insoumises. Elle fut franchie pour la première fois, en 1935, par un groupe de 25 touristes du Touring-Club de France qui, partis d'Alger, visitèrent, sous la conduite du Président Chaix, les Territoires du Sud, le Hoggar, puis le Maroc tout entier, pour se rembarquer à Oran après un voyage de plus de 6.000 kilomètres accompli en trente-quatre jours, de Paris à Paris. |
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Une ville du M'Zab : Ghardaïa. - Vue générale. |
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De Ghardaïa, filant toujours plus au sud, nous nous dirigerons sur El-Goléa, merveilleuse oasis dont quatorze sources ont fait un jardin enchanté et où s'élève l'un des plus beaux hôtels créés au Sahara par la Compagnie Générale Transatlantique, de 1930 à 1935. C'est à El-Goléa que repose l'apôtre du Sahara, le Père de Foucauld, le pacifique conquérant qui fit des Touaregs des amis de la France. Cette fois nous sommes bien au Désert; nous pourrions aller encore plus au sud, à travers le plateau désolé du Tademaït, vers In-Salah, lentement étouffée dans les sables, mais cela nous conduirait aux solitudes mystérieuses et tragiques du Hoggar, vers le Centre africain. Obliquons plutôt vers l'ouest pour gagner, en contournant le Grand Erg occidental, le Sud-Oranais et remonter ensuite vers la mer en longeant la frontière algéro-marocaine. |
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