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Quittant la route de Constantine qui, depuis la sortie du défilé, se dirige droit vers l'est, nous prendrons bientôt la route du sud laquelle, à travers de hauts plateaux cuits et recuits par le soleil, nous mènera tout d'abord à M'sila, curieuse petite ville arabe dressant ses fortifications au-dessus d'un oued qui, quelques kilomètres plus au sud, va se perdre dans un immense lac salé, le Chott-el-Hodna, dont nous traverserons la pointe occidentale pour nous diriger sur notre prochaine étape : Bou-Saâda, séduisante oasis, où le peintre français Dinet, conquis à la fois par le paysage et par les
mœurs musulmanes, s'était fixé pour y vivre dans le cadre de ses rêves. De Bou-Saâda, nous pourrions, obliquant à droite, rejoindre à Djelfa notre premier itinéraire. Nous obliquerons au contraire à gauche, en direction. du sud-est, pour atteindre, après 100 kilomètres de sable, les oasis de Tolga et de Biskra. Le charme de Biskra égale celui de Bou-Saâda. On y distingue deux villes, la ville française, modernisée, qui est une agréable station d'hivernage et le " Vieux Biskra ", formé de plusieurs villages indigènes groupés autour d'un vieux fort. Après avoir flâné dans la belle palmeraie de Biskra nous pousserons jusqu'à la petite ville de Sidi-Okba, sise au centre d'une oasis de 90.000 palmiers et qui vaut bien un petit détour. Revenus à Biskra, nous reprendrons la route du sud. 200 kilomètres nous restent à parcourir à travers le pays des mirages pour atteindre, d'oasis en oasis, l'antique citadelle berbère de Touggourt, qui est devenue, depuis qu'y règne la paix française, un centre commercial important et une ville de plaisance. Les palmeraies qui entourent Touggourt ne comptent pas moins de 170.000 arbres; un chemin carrossable en fait le tour.
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Au nord-est de Biskra, se dresse un massif montagneux d'une structure très particulière, l'Aurès, un étrange pays formé des contreforts du Chelia, le point culminant de l'Algérie, avec ses 2.327 mètres. Ses chaînons parallèles, orientés obliquement du nord-est au sud-ouest, sont séparés par de profondes vallées aux falaises à pic. Les habitations indigènes, groupées au sommet de ces falaises, greniers et forteresses à la fois, ont un caractère extrêmement original; elles conservent le souvenir d'une époque où les populations de la région devaient se garder contre les incursions de tribus ennemies. La porte de l'Aurès, sur la route de Biskra à Constantine, c'est El-Kantara, un des sites les plus justement célèbres de l'Algérie, avec ses gorges rocheuses profondes dans lesquelles, remontant le cours de l'oued, nous nous engagerons, dès la sortie de l'oasis qui s'étend à leur débouché, sur les hauts plateaux. Ayant ainsi contourné l'Aurès par l'ouest, nous arriverons à Batna, point de départ des excursions aux ruines romaines de Lambèse et de Timgad. Encore un peu plus de 100 kilomètres à parcourir dont une trentaine, les premiers, dans une région montagneuse et cultivée, pour atteindre, après avoir traversé quelques salines, le puissant bastion rocheux aux escarpements vertigineux au sommet duquel veille Constantine, à 650 mètres d'altitude. Quelle étrange ville que Constantine, isolée de toutes parts par les gorges profondes qui l'entourent et dont la plus importante et la plus impressionnante est l'étroit ravin qu'au cours des siècles s'est creusé le
Rummel ! |
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Cédant toujours à l'attraction du sud, nous reprendrons la piste en direction d'Ouargla, une antique cité que Salomon, dit la légende, fit sortir des sables et qui est aujourd'hui, au centre d'une oasis où poussent plus d'un million de palmiers, une agglomération pittoresque de plus de 6.000 habitants, doublée d'une ville moderne construite autour du camp militaire d'où tous les héros sahariens sont partis à la découverte et à la conquête du Centre africain. Nous n'imiterons pas ces vaillants soldats. Parvenus au seuil du vaste Sahara inconnu, renonçant à entreprendre le voyage qui, après un millier de kilomètres de piste nous mènerait à Gao, sur le Niger, nous ferons demi-tour et reprendrons, à regret peut-être, le chemin de Biskra. Il nous reste en effet à visiter toute la zone côtière du département de Constantine si nous voulons nous flatter de connaître toute l'Algérie. |
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