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   Rien de plus simple que cette ordonnance (fig. 7). La porte de la gama - mosquée - franchie, on pénètre dans une cour carrée - sahn - bordée sur ses quatre côtés de portiques - liwan - à plusieurs rangées de colonnes. Ce sont là les deux parties essentielles du temple. Elles décrivent deux zones concentriques que plus tard on séparera plus ou moins ostensiblement. La première, c'est le parvis des gentils, la partie non consacrée de la mosquée; la seconde, la partie sainte, qu'aucun contact impur ne doit souiller. Elle est ordinairement exhaussée d'un ou deux degrés au-dessus du sahn. Le liwan oriental, plus grand que les trois autres, forme le sanctuaire et s'étend en profondeur sur six rangées de colonnes, semblable à une salle hypostyle sur l'axe de laquelle s'ouvre, au mur de fond, une sorte de niche ou de fausse porte, - le mirhab, - qui donne au fidèle la direction - kiblà -de la kaàbah de la Mekke. A droite du mirhab est la chaire, - mimber, - où monte l'iman - le prêtre - pour la lecture de la khotba - prière - ou du prône. En face, est une tribune - dekké - supportée par des colonnettes. C'est là que se tiennent les mouballighîm - chantres - qui font parvenir la prière de l'iman à la foule en la répétant mot à mot après lui. Au milieu du sahn est la fontaine des ablutions - maïdâah; - à l'angle sud-ouest du sanctuaire, un puits qu'un préjugé religieux prétend être en communication avec la fontaine Zem-Zem de la Mekke.

Aucun minaret ne s'élevait à l'origine au-dessus des portiques. Le muezzin du Prophète avait chanté à l'intérieur de la mosquée l'appel à la prière; après lui, ce fut du seuil du sanctuaire que cet appel fut fait, jusqu'à ce que El-Motassem (218 - 833) le réglementât et décidât que, pour être entendu à travers la ville il devait retentir du haut du temple, ce qui d'ailleurs était beaucoup plus conforme à la tradition d'Abraham appelant du haut des collines de la Mekke les fidèles à la kaàbah.

D'interminables discussions se sont engagées autour de cette question : 

    

 

   
l'arc brisé des portiques de la mosquée d'Amrou date-t-il de l'époque de la conquête? 

Aujourd'hui, plus de trois cents colonnes enlevées à des églises coptes reçoivent sur leurs chapiteaux la retombée d'arcs brisés, si obtus (fig. 8) qu'à première vue on les croirait en plein cintre; mais dans les plus anciens murs, des fenêtres et des niches sont percées, dont l'arc aigu appartient à un style antérieur.

Fig. 7.
Sans doute, pour qui ignore l'art copte, l'arc brisé, apparu ainsi tout à coup, sans que rien le reliât aux formes architectoniques chères à l'école de Byzance, pouvait sembler à bon droit singulier. 
 
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