|
Mais cette arcature était celle
de l'architecture copte depuis près de deux siècles : elle
était le trait saillant d'un art sensitif qui justement
venait de se séparer de l'hellénisme pour pouvoir suivre
davantage ses inclinations natives c'était pour cette raison
même que l'Islam allait à lui. Les Coptes n'établirent
jamais de distinction entre les monuments musulmans et leurs
propres sanctuaires, et la mosquée de Fostat s'élève à
l'instant où l'école d'Alexandrie a le plus employé
l'ogive.
L'arc brisé fut donc, à n'en pas douter, le premier
cintrage des monuments arabes. |
 |
|
|
|
|
|
Telle est, dans ses traits
généraux, la mosquée primitive ; le soin qu'ont pris
les Arabes de recueillir tout ce qui se rapportait à sa fondation nous permet
de suivre pas à pas l'élaboration de ses divers éléments. Makrisi et
Ibn-Khaldoun nous apprennent d'abord qu'au temps où Mahomet bâtissait la
mosquée de Médine, la direction de la kaàbah de la Mekke n'était pas
indiquée au mur du sanctuaire; qu'on se tournait à volonté pendant la
prière vers Jérusalem ou la Mekke; que la mosquée d'Amrou, elle non plus,
n'avait point de mirhab à l'origine, et qu'elle n'en fut dotée que par
Abd-el-Aziz (65 - 685), qui gouverna l'Égypte sous le khalife Mérouan. Dès
lors, chaque mosquée eut son mirhab qui donna au fidèle l'orientation de la
kaàbah, et, à quelque distance qu'elle en fût, elle devint le vestibule de
ce temple unique. Sans doute, elle n'est point la demeure de la divinité,
ainsi qu'il en est des sanctuaires égyptiens ou chrétiens; le. secret
terrible de leurs naos ou de leurs tabernacles est banni de son enceinte, et
tout au plus y peut-on trouver cette impression de trouble vague des salles
hypostyles de l'Égypte; mais a-t-on eu raison de soutenir que la mosquée est
dépourvue de tout mystère? Et ce temple invisible, éloigné souvent de
plusieurs centaines de lieues de celui qui est censé courbé en prières
devant le voile tendu à sa porte, sans qu'aucune image, aucune pensée puisse
s'interposer entre elle et lui, n'est-il pas cent fois plus imposant et plus
mystique que le naos du petit temple grec où se célébraient les orgies
sacrées et devant lequel, aux jours de fête, se déroulaient des processions
d'opéra?
Selon Makrîsi, les premiers mirhabs furent de simples bas-reliefs
enclavés dans le mur est de la mosquée; un arceau sommairement tracé en
formait toute la décoration. Plus tard, cet arceau se transforma en niche
rappelant d'une manière plus tangible la porte murée de la kaàbah.
|
|