L'ART ARABE | AL. GAYET | LIVRE II. - CHAPITRE II. | |||||||
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Mais, incapable d'en manier les nuances, elle se formulait pour
lui plus visiblement écrite en toutes lettres au sommet des
murailles ; elle s'y déroulait palpable; il s'appliqua donc, de
même que l'Égyptien de l'antiquité, à ramener l'écriture dans
l'orbe de ses compositions. Pour cela, il choisit parmi les versets
du Koran les principaux articles de la foi musulmane; il les disposa
en carrés où une phrase telle que celle-ci (fig. 13) - Taouakkaltz
al Allah! Je me suis fié en Dieu! - est quatre fois répétée
autour d'une lettre commune; les répartit en frises (fig.
3), les
étagea en lignes chevronnées de mosaïques, où le même mot -
Lillah! A Dieu! (fig. 14) - revient comme en une consécration.
Le côté marquant de ce style est le redoublement de la maxime énoncée. De même que dans les bas-reliefs pharaoniques, où la continuité du mouvement a une force et une grandeur extraordinaires, la phrase se répercute pour s'infiltrer davantage dans l'esprit et l'écraser sous la maxime qu'elle crie être celle hors de laquelle il n'est point de salut. L'absolu d'un ornement toujours semblable à lui-même se prêtait à merveille à souligner de telles sentences; aussi, le style en est déjà établi quand s'élève la mosquée de Touloûn. Je n'entrerai pas ici dans l'exposé de la philosophie des lignes; chacune a sa physionomie propre, mais variées à l'infini sont les nuances qu'il est possible de tirer de leurs combinaisons. Il me suffira de rappeler en passant que l'horizontale reflète le calme, la méditation et l'extase ; la verticale, l'aspiration, l'élan de l'âme; les obliques la tristesse ou la joie, selon qu'elles sont concentriques ou expansives relativement à la perpendiculaire à l'horizon. L'emploi simultané ou consécutif de ces quatre éléments fut tout le secret de dessins longtemps considérés comme un pur caprice et qui souvent surent dire des raffinements qui ont échappé aux maîtres de l'imitation. |
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