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LIVRE III

 

LES KHALIFES FATIMITES


CHAPITRE PREMIER

 

LA POLYGONIE DU DÉCOR ARABE


I. LA FONDATION DU CAIRE

 
Fig. 25. - Chapiteau du mirhab d'EL-AZHAR Le règne de Touloûn n'avait été qu'une accalmie dans une période agitée. La dispari tion de sa dynastie ne raffermit en rien l'autorité des khalifes de Baghdad. L'empire, plus que jamais déchiré par les rivalités et les ambitions de toute une féodalité d'aventure, arriva bientôt à un état de complète décadence, et pendant cinquante ans ne fut plus que le champ d'intrigues aussitôt déjouées par la force ou des complots mieux ourdis.
Pendant ce temps, à Kaïrouan, la tribu de Komarah, qui prétendait descendre d'Ismaël, sixième iman de la race de Ali, et par conséquent du Prophète, par sa fille Fatimeh, - Fatime, - avait revendiqué son indépendance; et son chef, Abou-Mohammed-Abd-Allah-ObeïdAllah-el-Mahdi, pris le titre de khalife d'Occident. Un schisme à la fois politique et religieux le séparait des Abbassides. Reconnu par le Moghreb, il n'avait eu qu'une pensée : la conquête de l'Égypte. Repoussé une première fois, il se reformait à la hâte, revenait, sans se décourager, à la charge et s'emparait d'Alexandrie et du Fayoum. 
    

 

   

Quelques années plus tard, son petit-fils Moad-Abou-Tmyn qui, dans la suite, prit le surnom d'El-Moëzz-le-dîn-Illah, réunissait sous sa domination toute la côte africaine, la Sardaigne, Malte, la Sicile, enlevée par lui de vive force aux Aghlabites, la plupart des îles de la Méditerranée et reprenait le projet de conquête ébauché par son aïeul.

Les circonstances l'aidaient d'ailleurs singulièrement dans cette entreprise. Ahmed-Abou-el-Faouarïs, dernier descendant des émirs Ekhchidîtes qui avaient succédé aux Touloûnides dans le gouvernement de l'Égypte, investi du pouvoir, quoique âgé de onze ans à peine, s'était vu attaqué le jour même de son intronisation par l'un de ses proches. Une guerre s'en était suivie, et le conseil des émirs, ne sachant comment y mettre terme, s'était décidé à faire appel à l'intervention du khalife moghrébin. La réponse de celui-ci ne s'était pas fait longtemps attendre. Au printemps de l'année 359 (969), il rassemblait une armée d'élite forte de cent mille hommes, en confiait le commandement à son meilleur général, un Grec converti à l'Islam, nommé Djauhar, et la lançait vers l'Égypte. Elle y pénétrait sans coup férir ; Djauhar s'installait à Fostat et..... en prenait possession au nom de Moëzz-le-dîn-Illah. L'Égypte cessait de reconnaître la suprématie des Abbassides, et bientôt l'autorité fatimite allait s'étendre en Syrie et jusqu'au Hedjaz et à la Mekke.

Si persuadé du succès de son expédition avait été le khalife que, en investissant son généralissime du commandement, il lui avait donné ordre de bâtir sur les ords du Nil une ville qui pût rivaliser avec la Baghdad es Abbassides et remis, tracé de sa main, le plan d'un palais immense, autour duquel se grouperaient les hôtels de son vizir et de ses ministres, et qu'il viendrait habiter avec sa cour et son harem.

 
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