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A l'extérieur, rien n'annonce encore la sainteté du sanctuaire. Les façades ne sont que des murs continus, tout au plus garnis de merlons (fig. 20); et si, vers la porte converge une ornementation où l'épigraphie tient la principale place, cette ornementation, de même que celle de l'intérieur, n'est qu'un placage que rien ne relie au monument.
Fig. 20.
 

II. - L'EMPLOI DE LA VOUTE.

 
La période fatimite ne fut pas seulement celle du développement de la formule primitive de l'art arabe; elle décida de l'une de ses principales évolutions l'adoption de la coupole et de la voûte en berceau.

Jusqu'alors, toute l'architecture musulmane n'avait procédé que de la plate-bande. La mosquée de la kaâbah, celle du Prophète, celle d'Amrou, celle de Touloûn n'avaient eu que des plafonds étoilés d'or. Leurs architectes, des Coptes, n'ignoraient pas cependant l'emploi de la voûte. L'obligation de se servir de matériaux de petite dimension les avait de bonne heure amenés non seulement à l'introduire dans l'architecture de leurs églises et de leurs monastères, 

    

 

    mais à aviser aux moyens de tourner des berceaux sans cintrages, faute du bois suffisant à établir ces derniers. Le moyen employé par eux avait été très simple. Sur la paroi intérieure du mur fermant la nef, ils avaient tracé la section droite de l'intrados de la voûte et appliqué selon son profil une première série de briques posées à plat. Chacune, si l'appareillage est fait avec soin, adhère à la surface de la muraille : l'anneau ainsi établi présente alors un point d'appui sur lequel il est possible d'en adapter un second, et ainsi de suite jusqu'au raccord avec le mur opposé.

Si le Copte se résignait à cette extrémité, fallait-il du moins que la voûte ne démentît pas trop son idéal; le plein cintre était trop en opposition avec son spiritualisme, il l'avait repoussé, de même que la coupole byzantine, et de même que ses aïeux avait adopté la courbe elliptique dérivée du triangle rectangle dont les côtés sont entre eux comme les nombres 3, 4 et 5.

Les premiers deïrs n'eurent pas de coupoles. Le fait est capital, car il ne dut pas manquer de Grecs pour offrir aux Coptes de leur enseigner la construction des dômes sur pendentifs; mais, encore une fois, un sentiment dominait le Copte, qui manquait au Grec, celui de l'infini. A la longue cependant, la nécessité absolue en certains cas de couvrir un espace carré d'une voûte le poussa vers une solution qui ne blessa pas trop ses croyances ; sans, trop d'efforts il y arriva.

C'est son premier essai. Au couvent d'Akhmim (550) une petite arche chevauche l'angle du carré de manière à le transformer en un octogone; et sur ce polygone inscrit vient s'appuyer un dôme ovoïde percé de petites fenêtres sur son pourtour. 

 
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