Quelques années plus tard, au Fayoum, le procédé change, et c'est
par la trompe angulaire (fig. 21 et 22) qu'il ménage le raccord de
nappes planes des murs et des nappes courbes d'un dôme dont l'arc
s'est allongé. A l'arrivée d'Amrou en Égypte, il oublie tout cela
pour revenir à la plate-bande; et si forte est cette réaction
qu'elle l'emporte sur un ordre de Touloûn.
Les auteurs nous rapportent qu'alors que s'élevait Kotayeh, le
puissant émir aurait dit : " Je veux, si ma ville est un jour
détruite par le feu, que ma mosquée tout entière échappe au
désastre. " L'emploi de la voûte eût augmenté les chances
de conservation. L'architecte n'en donna pas moins à son sanctuaire
un plafond.
Ce fut, je crois, sous le règne d'El-Hakim que, pour la
première fois, le berceau et la coupole concoururent à
l'édification d'un monument arabe. Quelles causes pouvaient
produire un tel retour vers une forme jadis condamnée? Il faudrait
pour l'établir une longue analyse; le souverain y fut pour
beaucoup.
Chez lui, le mysticisme fut porté à son extrême limite :
" El-Hakim, dit Makrîsi, se rendait chaque nuit dans le
désert du Mokattam (plateau rocheux de la chaîne arabique qui
domine le Caire), prétendant y avoir des entretiens avec Allah. Il
s'affilia à une secte religieuse nouvelle, s'en fit le chef,
entreprit de réformer l'Islam, et finalement voulut se faire rendre
le culte divin. "
C'est une bien curieuse figure à évoquer que celle du
khalife-prophète : Oriental, il a toutes les intempérances de
volonté propres aux Orientaux et leur rêverie mélancolique ; mais
sur ce fond de tempérament venaient se greffer les passions de
l'Occidental. Certains historiens l'ont dit fou; il a plutôt été
un sensitif déséquilibré, un sensitif avant l'heure, un sensitif
qui pouvait trop aller jusqu'au bout de ses caprices, mais à coup
sûr un artiste, qui, comme Néron, auquel il ressemble par plus
d'un trait, |