De son règne datent une foule de
monuments dont il ne reste rien ou tout au plus d'informes
ruines. La plupart peuplaient le désert où chaque nuit il
croyait entendre la voix d'Allah. Là, se voyaient alors la
mosquée du Fanal et la mosquée de l'Observatoire. Sur la
tour de l'une brillait un feu soigneusement entretenu ; sur
celle de l'autre se tenaient les astronomes du khalife, et, à
côté de ces mosquées perdues dans le sable, nombre de
chapelles funéraires étaient venues se ranger. Ce sont elles
qui les premières se couvrirent de voûtes. Les auteurs que
j'ai consultés sur ce point sont confus dans leurs récits :
seul le fait est certain. Autant qu'il est possible d'en
juger, l'édifice comprenait une petite nef et une salle
carrée où se trouvait la tombe; celle-ci, surmontée d'une
coupole, celle-là d'un berceau ogival. Sous le règne de
Mostanser-b-Illah, une mosquée qui subsiste encore sur la
lisière du plateau du Mokattam, Gama-el-Guéïouchî1
est déjà entièrement bâtie dans ce style. Un vestibule
précède une profonde nef voûtée, et sur la droite de
celle-ci une salle carrée s'ouvre, nimbée d'un dôme appuyé
à quatre trompes coniques identiques à celles des monuments
coptes du Fayoum ou d'Assouan. Ainsi constituée, cette
architecture s'affermit : toutes les tombes des princes et des
émirs marquent autant de progrès réalisés à travers
lesquels se lit toujours la recherche de l'élancement. La
coupole, d'abord à peine ovoïde, de même que la coupole
copte s'allonge ; engendrée primitivement par une courbe
elliptique, elle l'est bientôt par un arc brisé aigu. A en
juger par les conséquences qu'eut cette évolution, elle fut
dictée par un sentiment de mélancolie profonde : elle
apparaît comme une conception de " la délectation
morose " où s'abîma El-Hakim. Car si la coupole fut
adoptée par l'art arabe, ce ne fut que pour servir de dais à
la tombe. Elle devint rapidement l'un des éléments
constructifs de la chapelle funéraire, plus tard , sous les
sultans de la mosquée sépulcrale ; |