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   En architecture, le style des édifices à coupole végète, mais ne s'écarte pas de sa route; les chapelles sépulcrales du karafah,- le cimetière, mot à mot " le lieu de la tête ", n'ont qu'une nef voûtée, attenante à une salle carrée à coupole ogivale, percée à sa base de petites fenêtres dont l'arc est ogival aussi. Un demi-jour tamisé par leurs claires-voies descend d'elles, tandis que dans la zone de transition des surfaces planes et des surfaces courbes perlent les premières stalactites. D'où venaient ces dernières?. Salzmann et Prisse d'Avenues après lui n'ont pas hésité à reconnaître en elles le souvenir de la pastèque……; peut-être serait-il plus logique de voir leur formation dans les tâtonnements par lesquels le constructeur arriva au surélèvement de la coupole.

Les premières tentatives faites dans ce sens par les Fatimites les avaient conduits à interposer, au moyen de la trompe ou de l'arche angulaire des Coptes, une sorte de tambour octogone entre le carré de la salle et le dôme. Puis l'ellipse de celui-ci s'était allongée et son arc s'était fait de plus en plus aigu. Pour l'exhausser encore, leurs successeurs n'avaient imaginé rien de mieux que de superposer un tambour à seize pans au. tambour octogone. Cette disposition, en même temps qu'elle fournissait un plus grand nombre de points d'appui à la circonférence de la coupole, permettait d'en réduire considérablement le diamètre et de faire pyramides toute la salle vers le sommet. Sous ce cône agrandi par l'optique, le mysticisme se sentait enfin affranchi de l'oppression qu'il éprouvait encore sous la voûte ovoïde; il planait dans l'ombre de son lointain et cette impression lui était si chère, que bientôt il l'exalta par deux subterfuges: l'étranglement de la base du dôme et les jeux du clair-obscur habilement ménagés sur son pourtour.

Chacune des tombes du cimetière de l'iman Chafffey est une preuve de cette préoccupation esthétique. La trompe sert le plus souvent de point d'appui à une double rangée d'arcades en 

    

 

   
encorbellement, tambour octogone et un tambour à seize pans formés d'arceaux ogivaux. Mais la réunion de ces arceaux étagés composait un assemblage de polygones en partie sphériques. Leur groupement rentrait dans le champ des conceptions du polygoniste; il déterminait un réseau dans lequel sa rêverie pouvait errer de même que dans le labyrinthe des polygones étoilés ; bien plus, chacune de ses mailles était un échelon où s'accrocher pour s'élancer dans l'espace. Quoi d'étonnant qu'il se soit appliqué à en régulariser la contexture et qu'il les ait enguirlandés de cette flore arabescale qu'il aimait à voir comme à travers des barreaux?
 
Fig. 30. Tombe du karafah du Caire.
 
L'une de ces chapelles (fig. 30), qui semble fort ancienne, à en juger par son ornementation, a sa coupole surmontée d'une lanterne couverte d'un dôme décagonal nervé. 
 
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