Fut-elle bâtie, ainsi qu'on
l'admet généralement, sous le règne de Saleh-ed-dîn? En
tout cas, elle a précédé certainement de près de deux
siècles Brunelleschi, auquel on attribue l'invention de la
double voûte et du couronnement du dôme au moyen d'une
lanterne.
Quatre-vingts ans plus tard, Chadjarat-ed-dorr (arbre de
perles), esclave favorite d'El-Melek-es-Saleh-Neym-ed-dîn-Ayoub,
dédiait en plein Caire, à son maître et époux, une
chapelle sépulcrale où ces éléments constructifs
s'unissaient, épurés par l'art. Des stalactites
s'étageaient là où jadis s'ouvraient des arcades et
s'appliquaient à la voûte, pareilles aux franges d'une
tenture immense drapée au rebord d'un catafalque. Dans les
boiseries de cette chapelle réapparaissait une ornementation
qui, par maints côtés, ressemblait à elle du commencement
de la période fatimite. Les panneaux de la grande porte sont
occupés par deux hexagones entrecoupés de manière que l'un
des côtés lu premier vienne s'appliquer sur l'axe médial du
second, et réciproquement. Dans l'hexagone irrégulier, mais
dont les côtés sont égaux deux à deux, engendré par cette
intersection, s'installe une étoile à six pointes autour de
laquelle six hexagones semblables gravitent, flanqués sur
leur petit côté par six hexagones réguliers. Deux fleurons
s'enroulent sur chacun d'eux et de larges bandes d'une
écriture fine emprisonnent le tout dans une riche bordure.
Pourtant, si savante que soit l'architecture de cette
chapelle, si fouillée sa décoration, il y faut bien
reconnaître l'art d'une époque transitoire.
L'artiste n'a pas encore fixé le style vers lequel son
aspiration l'attire; sous le voile brillant jeté par lui sur
son oeuvre percent la timidité et l'effort.
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