La preuve de la répulsion de l'Arabe pour
la coupole byzantine est la science dont firent preuve ceux qui
bâtirent les dômes des tombes du grand karafah du Caire. Là,
des chapelles désignées fort improprement du nom de tombeaux des
khalifes, mais qui furent en réalité des sépultures d'émirs, d'imans
et de fonctionnaires de la cour des sultans, se sont groupées par
centaines, qui toutes sont les chefs-d'œuvre trop peu connus d'un art
idéaliste, si raffiné que c'est pour nous une surprise encore que d'en
analyser l'esthétique et de reconnaître la pensée profonde qui a
présidé à leur construction.
Quelques-unes de ces tombes, de dimensions fort modestes, n'ont
qu'une salle carrée : tantôt (fig. 39 et 40) une porte étroite
rejetée de côté y accède, des colonnettes cantonnées aux angles
soutiennent une haute frise, un tambour polygone la surmonte, et sur
celui-ci vient s'appuyer une coupole recouverte d'un voile d'arabesques
ou d'entrelacs ; tantôt (fig. 41, 42 et 43) de hautes travées en
stalactites crénelées de merlons refendent la façade, pareilles à
celles des mosquées; ou bien encore à la salle de la tombe attient une
nef flanquée d'un minaret; n'était la disposition de cette nef unique,
rien ne la distinguerait de la mosquée sépulcrale des khalifes. |