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Elle a été transportée au Caire de la ville d'Akka (Saint-Jeand'Acre), car El-Melek-el-Achraf-Khalil-ibn-Kalaoûn, quand il s'empara d'Akka en 689 (1290), ordonna à l'émir Alem-ed-dîn-Sangar-ech-Chougaï d'en démolir les murs et d'en détruire les églises. L'émir trouva cette porte à l'entrée de l'une des églises d'Akka. Elle était de marbre; ses bases, ses jambages et ses colonnes étaient groupés ensemble. Il les transporta au Caire. "
 

 
Ainsi, cette porte, si souvent comparée à celles de nos églises gothiques, est, de l'aveu même de Makrîsi, l'œuvre d'un maître chrétien, " un édifice admirable d'un style nouveau ". Je n'irai certes pas jusqu'à prétendre que l'Orient ait copié l'Occident. Entre eux il n'y a pas de contact possible; les deux civilisations sont trop loin l'une de l'autre pour s'exprimer de la même façon. Si quelques traits communs confondent les deux arts dans une parenté lointaine, ce n'est là qu'un effet du grand courant de piété qui traversa le monde vers le commencement du XIIIe siècle. 

Fig. 38 - Minaret d'EL-HAKIM.
 

Aux premiers temps du christianisme, une ressemblance analogue avait uni les oeuvres de l'Orient et de l'Occident : une ressemblance qui n'était ni une imitation ni un symbolisme imposé, mais une communion naturelle d'espérances. Toutefois, à l'une ou à l'autre époque, cette parenté n'est que factice; il suffit de dégager la technique et la philosophie de ces œuvres pour reconnaître bien vite qu'elles n'ont aucun trait commun.

    

 

   

II. - L' ARCHITECTURE DES TOMBES.

 
La preuve de la répulsion de l'Arabe pour la coupole byzantine est la science dont firent preuve ceux qui bâtirent les dômes des tombes du grand karafah du Caire. Là, des chapelles désignées fort improprement du nom de tombeaux des khalifes, mais qui furent en réalité des sépultures d'émirs, d'imans et de fonctionnaires de la cour des sultans, se sont groupées par centaines, qui toutes sont les chefs-d'œuvre trop peu connus d'un art idéaliste, si raffiné que c'est pour nous une surprise encore que d'en analyser l'esthétique et de reconnaître la pensée profonde qui a présidé à leur construction.

Quelques-unes de ces tombes, de dimensions fort modestes, n'ont qu'une salle carrée : tantôt (fig. 39 et 40) une porte étroite rejetée de côté y accède, des colonnettes cantonnées aux angles soutiennent une haute frise, un tambour polygone la surmonte, et sur celui-ci vient s'appuyer une coupole recouverte d'un voile d'arabesques ou d'entrelacs ; tantôt (fig. 41, 42 et 43) de hautes travées en stalactites crénelées de merlons refendent la façade, pareilles à celles des mosquées; ou bien encore à la salle de la tombe attient une nef flanquée d'un minaret; n'était la disposition de cette nef unique, rien ne la distinguerait de la mosquée sépulcrale des khalifes.

Fig. 39 et 40. - Tombe du Karafah.
 
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