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La stalactite (fig. 57) résulte de l'union des prismes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, disposés sur deux chaînes distinctes. La première, celle du sommet, n'est qu'une répétition indéfinie du prisme triangulaire 6, 6, 6, auquel s'imbriquent deux prismes parallélogrammiques accolés 4, 4, alternant avec un prisme pentagonal 5, 5. Sur cette première ligne, se place une ligne intermédiaire, celle des prismes triangulaires 7, 7, dont le sommet se trouve sur celui des prismes triangulaires 6, 6. La seconde chaîne complète d'abord cette ligne par le prisme triangulaire 9, 9, dont la base s'appuie à celle des deux pentagones de la première chaîne ; puis établit les deux dernières lignes par l'alternance des prismes 1, 2, 1, 3, 3; 1, 2, 1, 3, 3.

 
Fig. 60.
 

Ce n'est donc pas une sculpture que la stalactite, ainsi qu'on serait tenté à première vue de le croire, mais une polygonie; elle a en plan des axes et des points de repère, en un mot, un réseau constructif.

En plan, l'exemple donné ci-contre a pour base l'hexagone (partie pointillée). La ligne de séparation des deux chanes passe par son centre, le sommet de toutes les figures données par le prolongement des côtés des prismes qui s'y adaptent s'y trouve, et les lignes ainsi menées vont se coupant sur lui ou sur les côtés.

    

 

   

On se figure sans peine le parti que les polygonistes tirèrent d'un pareil système.

 
Fig. 61.

Aussi, non content de manier à leur gré la trame et par conséquent l'aspect de la stalactite, il fallut encore que jusqu'aux profils découpés rentrassent dans le cycle de leurs compositions. Ce n'était pas assez que le réseau fût trigone ou carré, ils voulurent que cette polygonie cachée devint tangible; pas n'est besoin de dire qu'entre leurs mains expérimentées, la stalactite fut bientôt une architecture parfaite, dont le plan, l'élévation et la coupe restèrent toujours à l'unisson. Les profils des stalactites sur réseau carré (fig. 58) donnent en projection plane des rosaces étoilées à huit pointes, alternant à une étoile inscrite dans un carré. 

 

En élévation, c'est une arche portant un dôme à nervures; une réduction en miniature d'une coupole du karafah.

Fig. 62.
 

En un tel art pouvait trop se jouer la contemplation de l'Arabe pour qu'il ne devînt pas le pivot de son architecture. Partout où jadis le raccord des surfaces planes et courbes avait été ménagé au moyen de trompes coniques ou de portions de voûtes, un pendentif en stalactites se suspendit; et si loin fut poussée la prédilection pour cette polygonie, que souvent des pendentifs angulaires ne furent qu'un placage enclavé sur l'angle d'une salle carrée dont le plafond s'assied sur un encorbellement.

 
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