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byzantine, pour
transcrire par des lignes et des gammes de couleurs la
langueur du mysticisme, la pensée immuable, toujours
semblable à elle-même et toujours changeante; toujours
égale et toujours ondoyante, et qui, enfermée dans un cercle
de données, revient infailliblement à son point de départ,
quel que soit le chemin qu'elle prenne pour s'en éloigner. |
Les grandes mosaïques de la
mosquée du sultan Hassan sont magistrales entre toutes :
l'une est un assemblage d'hexagones (fig. 73) bordé d'un
cordon d'octogones étoilés reliés par des frettes tiercées
(fig. 31)
; un large trait d'or la dessine. Sur chaque hexagone un
dodécagone étoilé s'inscrit, dont les côtés, prolongés
de deux en deux, vont se joindre par chaînes doubles aux
côtés des dodécagones inscrits dans les hexagones voisins.
Les autres côtés, rabattus parallèlement aux côtés du
polygone, se rattachent à leur tour aux côtés prolongés
dans une chaîne de |
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triangles où leur
intersection détermine à chaque sommet un losange. Tout le
tracé du polygone s'esquisse en blanc; dans les vides, des
pâtes colorées s'incrustent : ici rouge pâle, turquoise et
noir; là émeraude, turquoise, noir et or. Certaines oeuvres
conservent cependant un reste d'ornementation empruntée à
l'arabesque : une mosaïque de la mosquée de Kalaoûn a ses
polygones inscrits brodés d'un léger rinceau dessiné au
moyen de petits trigones vert émeraude cerclés d'or. Mais ce
n'est là qu'une variante maladroite du style des lambris
incrustés d'ivoire. L'ajourement blanc de ceux-ci leur
manque. L'attention n'est pas, comme à la boiserie, attirée
sur un point donné d'une manière irrésistible, et, partant,
l'ornementation ménagée sur ce point, trop faible pour
s'implanter par elle-même, non seulement se perd, mais encore
affaiblit l'effet du tracé polygonal. |
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Il serait fastidieux d'entreprendre la
description des mosaïques qui, par la beauté de leurs tons ou la
complexité de leur dessin, ont attiré l'attention des géomètres ou
des céramistes. C'est une impression qui s'en dégage, ce n'est pas un
sujet qui se décrit. |
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L'énoncé d'un théorème ne peut peindre
à la pensée qu'une image abstraite; la nomenclature de couleurs
juxtaposées ne peut en rendre l'éclat, et c'est une idée tellement
subtile que celle qui s'exhale d'une ordonnance de lignes, tellement
insaisissable, qu'il faut l'avoir analysée et en avoir soi-même vécu
pour en comprendre la pénétrante mélancolie et l'éternelle majesté. |
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La supériorité des mosaïstes arabes fut
surtout grande dans l'assemblage du marbre. De bonne heure, ils
l'avaient fait entrer dans leurs compositions. |
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