Au-dessus du sahn est un plafond
ouvert sur le milieu et racheté par un encorbellement riche, mais
dépourvu de grandeur. La frise du sanctuaire n'a aucune souplesse; la
polychromie des marbres est sans reflets; le noir y domine; l'or la
noie; la répétition de ses thèmes sans force, loin de produire, comme
au siècle baharite, une impression de majesté et de puissance, lasse
et afflige. On sent derrière ce décor une société inquiète,
absorbée dans une pensée triste : l'art n'est plus l'image de sa vie,
mais le ressouvenir d'une gloire disparue pour jamais.
Les mosquées d'El-Ghoury sont, en effet, les derniers monuments de
l'art arabe. Tandis qu'elles s'élevaient, les Ottomans franchissaient
les frontières de Syrie, et El-Ghoury défait et tué à la bataille
d'Alep, son neveu Toman-baï n'avait pas même le temps de se bâtir une
mosquée. Quelques mois après son arrivée au trône, il était pendu
à la porte Ez-Zouïleh, sur ordre de Selym, et enterré solennellement
dans la mosquée sépulcrale de son oncle, restée vide.
Il convient donc d'arrêter ici cet aperçu sommaire de ce que fut
l'art arabe, des pensées qu'il a traduites et des moyens employés par
lui pour y parvenir. |