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L' Orient, devenu province ottomane, cesse d'avoir un art à lui, une pensée à lui, une aspiration à lui. Les mosquées des gouverneurs turcs ne sont que de grossières imitations des monuments de Constantinople. Les arabesques s'inspirèrent du style de la Perse; l'architecture de Sainte-Sophie est imitée mille fois ou plutôt mille fois servilement copiée ; et à partir de cette époque, un dôme aussi énorme que absurde couvre l'édifice tout entier.

 
 

    

 

   
CHAPITRE II
 
LE DÉCOR DE LA MOSQUÉE BORDJITE
 

 

LA SCULPTURE, LA MOSAÏQUE ET LES VITRAUX.

 
Fig. 100. - Pavement de la mosquée d'EL-ACHRAF-BARSEBAÏ

De loin en loin, quelques artistes, en qui survit la tradition du passé, parent cette mosquée de délicieuses draperies ornementales, dont la beauté ne le cède en rien aux monuments du XVe siècle. Le contraste entre le fini de leur oeuvre et le non-sens de l'architecture n'en fait que mieux ressortir l'impuissance du constructeur. C'est ainsi que la mosquée d'El-Bordeïny (1038) (1628) a des mosaïques et des plafonds splendides; celle d'Ibrahim agha (1063) (1652), un dôme enguirlandé d'arabesques majestueuses; celle d'Abd-er-Rahman-Yahyah, un portail où quelque chose d'étrange évoque le style de la Renaissance; mais pas une ne résume les préoccupations d'une époque, pas une ne s'empare de l'esprit; elles ont de jolis motifs de décor, mais ces motifs peuvent, sans inconvénient, être remplacés par d'autres ; 

ils ne font point corps avec l'édifice; ils n'en répètent point la donnée comme au temps des Baharites ; ils ne sont point un rythme transposé sans cesse, et d'autant plus puissant qu'il repasse un plus grand nombre de fois dans la symphonie du monument.
 
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