De loin en loin, quelques artistes, en qui
survit la tradition du passé, parent cette mosquée de délicieuses
draperies ornementales, dont la beauté ne le cède en rien aux
monuments du XVe siècle. Le contraste entre le fini de leur
oeuvre et le non-sens de l'architecture n'en fait que mieux ressortir
l'impuissance du constructeur. C'est ainsi que la mosquée d'El-Bordeïny
(1038) (1628) a des mosaïques et des plafonds splendides; celle
d'Ibrahim agha (1063) (1652), un dôme enguirlandé d'arabesques
majestueuses; celle d'Abd-er-Rahman-Yahyah, un portail où quelque chose
d'étrange évoque le style de la Renaissance; mais pas une ne résume
les préoccupations d'une époque, pas une ne s'empare de l'esprit;
elles ont de jolis motifs de décor, mais ces motifs peuvent, sans
inconvénient, être remplacés par d'autres ; |