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Entre les pieds de la table enfin, s'ouvre une arcade tréflée, portant sur chacun de ses tympans un médaillon sur champ d'arabesque: Mais la maigreur des végétations, leurs dentelure inconnues au style de l'Égypte, trahissent une origine étrangère, et bien qu'exécutée au Caire, cette table dut l'être par des ouvriers persans. Une seule raison pourrait militer en faveur d'une facture égyptienne : la polygonie jetée sur chacun des panneaux.
 

V. - LES BRONZES.

Si la damasquinerie fut une des industries persane, celle du bronze est restée aux mains des Égyptiens; certaines lampes, certains miroirs, certaines plaques de revêtement attestent d'un talent qui ne le cède en rien à celui des ouvriers de la Perse. Les miroirs des Fatimites rappellent ceux de la vieille Égypte. On polissait leur surface, puis on y appliquait un amalgame de mercure, afin d'en boucher les pores; au revers sont le sphinx et les scènes de chasse décrits plus haut.

L'habileté du fondeur s'est surtout manifestée dans l'exécution des lampes de mosquée. Les plus anciennes sont assez simples : l'une, qui provient d'El-Azhar, consiste en une pyramide octogone tronquée, surmontée d'un dôme de minaret; au-dessous est un plateau soutenu par des chaînettes; trois rangées de lumière s'étagent sur ses flancs, réunissant dix-huit lampes chacune. Des appliques à trois branches sont fixées à l'angle de chaque galerie, au périmètre du dôme et jusqu'au croissant dont il est couronné. Cette lampe appartient à la période baharite. Un tennour du sultan Hassan est octogone à quatre rangées de vingt-quatre lumières ; un dôme de minaret le couvre aussi. Mais je passe rapidement pour arriver aux deux lampes admirables du musée arabe du Caire, celles de Kalaoûn et d'El-Ghoury.

    

 

   
La lampe de Kalaoûn, elle aussi, est une pyramide octogone tronquée, sur laquelle se déploient quatre cordons de lumières. Son dôme porte un balcon de minaret, au-dessus duquel se superpose un second dôme: au total, elle a cent quatre-vingt-quatorze lampes. 
 
Fig. 128. - Lampe de la mosquée de Kalaoun. Chaque face de la pyramide, coupée par les galeries, se partage en trois panneaux (fig. 128). Deux ont un assemblage de polygones évidés, portant une rosace à douze mailles, celui du milieu est occupé par une plaque de cuivre ornée de rinceaux esquissés par ajourement, à la manière des poncifs.

Sous El-Ghoury, la lampe est une dentelle de bronze. Celle que l'on voit au musée arabe est encore une pyramide tronquée à base octogone; un plateau merveilleusement ouvré pend au-dessous (fig. 129), les galeries accrochées à ses flancs sont découpées si artistement que leur dessin rappelle celui des vieux points de Venise. Celle du sommet est fort large, garnie sur chaque angle d'une tourelle que d'autres galeries surplombent.

 
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