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Les panneaux se partagent en arcades treillissées, en rosaces fleuries, en cordons d'inscriptions et d'entrelacs fouillés et refouillés. C'est un filigrane immense plus qu'un bronze, où toute la fragilité de la fin du règne bordjite s'est condensée comme à plaisir.
Fig. 129.- Lampe de la mosquée d'El-Ghoury.

Les mêmes procédés et le même style se retrouvent à la porte de la mosquée d'El-Moyyed. Le bronze en a envahi toute la surface, à ce point qu'à première vue on la croirait coulée d'un seul jet, alors que tous ses entrelacs sont distincts, rapportés et cloués sur bois. Aux premiers temps de l'époque baharite, un intervalle était laissé libre entre chaque pièce. Les polygones décrits par leurs assemblages avaient ainsi une nervure de bois; les bronzes cloués jouaient le rôle des ivoires des boiseries et se répartissaient dans leurs mailles. Sous Beïbars-el-Bondoukdary, cette nervure s'était amincie. La porte de sa mosquée a pour décor un entrelacs d'ennéagones et de rosaces à douze mailles sur réseau trigone. Les clous saillissent en bossages hémisphériques; dans chacune des mailles de l'ennéagone est un godron ovoïde, un autre occupe le milieu des rosaces et déjà la surface de ces derniers se fouille de ciselures et de damasquinures argent et or.

 

La porte d'El-Moyyed a ses polygones tracés par un vigoureux filet de bronze; un entrelacs à seize mailles appointées à quatre rosaces étoilées à douze mailles s'y étale ; l'arabesque simple de la porte de Beïbars s'est tourmentée; 

    

 

   
des godrons bombent chacune des mailles des rosaces ; ceux du centre se sont développés, et leurs faces ont été ouvrées comme des pièces d'orfèvrerie, ainsi que les heurtoirs attachés à chacun des battants.
Fig. 130. - Mosquée de Barkouk. (Musée arabe du Caire)

A l'époque bordjite, on emploie aussi au revêtement des portes des cuivres martelés ou repoussés, décorés d'inscriptions et d'arabesques : les lettres et les rinceaux sont polis, le fond régulièrement piqué. Parmi les plus marquants, il convient de citer les plaques de cuivre provenant de la mosquée de Barkoûk (fig. 130) qu'on voit actuellement au musée arabe du Caire. Les lettres d'une inscription s'y enlacent au moyen d'une tresse continue, prises dans les volutes d'une arabesque florescente. Ailleurs, le décor n'est pas réservé, mais gravé au trait sur des surfaces lisses. Pour les petits objets, c'est cette manière qui domine, et nombreuses sont les plaquettes sur lesquelles un simple trait court. Les fonds sont polis et détachés au moyen de petits filets martelés (fig. 131 et 132).

Les graveurs fatimites excellèrent en outre dans l'art de la niellure. Les dessins de leurs coffrets et de leurs miroirs ont une légèreté qui jamais ne fut dépassée par leurs successeurs. 

 
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