Pages précédentes L'ART ARABE  AL. GAYET LIVRE VI. - CHAPITRE I. Pages suivantes
   Retour page Table des matières  
   
  
Dans des médaillons ondulés, les titres se déroulent en caractères minces, enveloppés d'arabesques foliacées ; sur le fond se tordent des branches de roses et d'œillets, semées sur les replis des rinceaux. Le motif principal est composé d'une rosace à douze mailles où fleurit tout un parterre d'arabesques entouré d'un cordon de tulipes, de jacinthes et de roses encore.

Les korans du sultan Châaban (764 - 1362) sont merveilleux de finesse. L'un, qui appartint à Khandabaraka, mère du sultan, a des guirlandes de roses et d'œillets, tendues sur des assemblages d'octogones. Dans plusieurs autres, enluminés sous le règne du même sultan, la polygonie règne en maîtresse. Quelques pages cependant sont données par des écussons et de grands fleurons. Les titres sont admirables. 
L'une des pages (fig. 138) a des médaillons entrecoupés où croît une anémone. Une double bordure l'environne : l'une, à fond d'or, refendue de traits noirs; l'autre, à fond bleu, chargée d'une guirlande de roses et de tulipes. D'autres ont des guipures d'un incomparable dessin. Un autre koran du même sultan, décoré par un miniaturiste nommé Ibrahim-el-Amadi (774 - 1372), en reprend les données avec une légèreté de touche à laquelle peu d'imagiers sont parvenus.

Sous El-Moyyed, c'est l'arabesque qui fait l'ornementation de la première page d'un koran enluminé par Abd-er-Rahman-el-Faîgh et daté de l'an 1141 (411). Un entrelacs dodécagone la remplit; chaque maille renferme un fleuron (fig. 139), pendant que dans la marge court en ligne continue une arabesque dérivée de l'arabesque principale. Une page mérite d'être signalée. Elle est ornée de lourds rinceaux dont les feuillages sont dentelés comme des enroulements de sculpture. Les culs-de-lampe placés à la fin de chaque sourate répètent l'arabesque de la marge ou de l'entrelacs (fig. 2, 164 et 165).

 

    

 

   
Qu'on mette en regard des miniatures de ces korans celles des évangéliaires coptes ou des vies des saints martyrs de l'Église d'Alexandrie, datés de la même époque, on sera frappé de trouver sinon une identité complète, du moins une similitude parfaite entre les arabesques des deux manuscrits. En faudrait-il conclure que les Arabes se seraient faits les imagiers des Coptes? Non, sans doute, mais bien plutôt que les Coptes se sont faits ceux des musulmans. Toute la dissemblance observée entre les deux oeuvres vient de ce que les Coptes avaient conservé l'habitude de représenter des oiseaux mêlés aux feuillages, des paons et des colombes principalement. Aux premiers temps chrétiens, ils avaient été des symboles; la tradition les avait conservés comme tels; de là cette prépondérance des scènes animées dans les miniatures chrétiennes. Puis, le Copte avait gardé les lettres grecques et s'était appliqué aux majuscules ornées dont il avait tiré une partie de son décor. Mais, au fond, le thème des deux miniatures reste le même, plus vivant chez celui-ci et plus polygonal chez celui-là.

D'ailleurs, les miniatures des Bordjites, celles d'El-Moyyed et d'El-Ghoury surtout semblent n'être souvent que les copies des grandes frises sculptées ou peintes du règne baharite; et par là se rattachent davantage au style qui avait alors prévalu.

IX. - LA CALLIGRAPHIE.

Si les lettres arabes ne prêtent point matière à des compositions analogues à celles que le moyen âge a su tirer des initiales, l'épigraphie n'en a pas moins concouru à toutes les oeuvres d'art. J'ai déjà dit quel avait été le rôle des inscriptions dans les monuments arabes; mais indépendamment de ces inscriptions architecturales, divers types de calligraphie ont servi à tracer des dessins variés qui relèvent de l'histoire de l'art.

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes