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Fig. 140. - Mosquée d'El-Moyyed.
 

Les plus vieilles lettres arabes sont celles du dialecte hymarite; au temps du Prophète, elles étaient déjà tombées en désuétude et les caractères du Koran, qui semblent être dérivés du syriaque, portent tout d'abord le nom de Mekky (de la Mekke), puis celui de koufy (du nom de Koufah, ville babylonienne des bords de l'Irak, qui, sous le règne de Mérouan, fut en 64 (684) la capitale du khalifat). Ce sont eux que nos traducteurs ont désignés sous le nom de koufiques. Remaniés par un certain Ahmed-Yahyah, qui vécut sous les Ommîades et passa pour le plus habile calligraphe de son temps, ils tendirent vers des ligatures souples et allongées. Hassan-ibn-Moklah, vizir du khalife abbasside El-Moktader, les modifia de nouveau en 320 (933). Enfin Yakhout, secrétaire du dernier Abbasside, El-Motassem, leur donna la forme qu'ils ont aujourd'hui.

Plus que tout autre, le koufique rectangulaire se prête aux décorations. Ses lignes sont parallèles et se coupent à angle droit sans aucun mélange de linéaments arrondis; réunies en carré, ses lettres servirent à des inscriptions quatre fois répétées telles que celle-ci (fig. 140) : Nasron min Allah oua fathou qarib oua bachir il moum énina ia Mohammed. (Une victoire d'Allah et une conquête prochaine [arriveront]; porte donc la bonne nouvelle aux croyants). Ou cette autre (fig. 141, et 142) : La ilaha illa Allah Mohammed raçoul Allah (Il n'y a point de Dieu que Dieu, et Mahomet est le prophète de Dieu). 

    

 

   
Ou bien encore, réparties dans un octogone, elles se relient sur quatre chaînes autour d'une étoile à huit pointes ; d'autres rayonnent dans un cercle. A toutes les époques de l'art ancien, elles furent employées par la mosaïque ou la faïence : l'une de celles que je viens de citer est bleue et or sur fond blanc, l'autre noir et rouge sur fond bistre pâle; d'autres sont dorées sur fond blanc cremé.
  La principale variante du koufique, le karamatique, ne se répandit que trois cents ans plus tard et prit son nom des Karamates qui pour la première fois l'employèrent; ses caractères sont inclinés, contournés et arrondis (fig. 143 et 144). C'est en karamatique que sont gravées les inscriptions des mosquées de Touloûn, d'El-Hakim, du sultan Hassan et de Kaïtbaï.  Fig. 141.
Ses lettres prêtaient à des enjolivements et fournissaient un support naturel à l'enroulement des arabesques. De bonne heure, le sculpteur, le peintre ou le miniaturiste les fleurit ou les enlaça de tresses décrites au moyen de ces parallèles coupées à angle droit et formant un réseau carré, dans lequel les diagonales sont menées à intervalles réguliers.
Fig. 142. A côté de ces deux genres, qui, architecturaux par excellence, servirent aux artistes, un genre spécial se place, le talàt - le tiers - l'écriture cursive, employée dans la rédaction des korans. En même temps les caractères neskhis - courants - furent mis à contribution par la sculpture ; ils diffèrent du talat par la force des pleins et la liaison régulière des lettres; souples et graciles, ils s'alliaient à merveille aux décorations arabescales. Sous les Bordjites on les orna.
 
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