X. -- LES ARMOIRIES.
La place occupée par les armoiries arabes
dans les oeuvres d'art les classe aussi parmi ces oeuvres. Souvent toute
la décoration semble n'avoir qu'un but : les mettre en relief. Souvent
aussi elles la fournissent à elles seules, et telle lampe ou tel vase
de Beïbars ou de Barsébaï n'est qu'un bronze ou un cristal uni, sur
lequel elles reviennent régulièrement enfermées dans un écu.
C'est une question encore pendante que celle
de l'origine des armoiries1. Les croisés les ont-ils
empruntées aux Arabes, ou ces derniers aux croisés? Ceci n'a rien à
voir dans cette étude; pourtant, je ne puis me dispenser de rappeler en
passant qu'au IXe siècle le khalifat fatimite avait ses ordres de
templiers et de chevaliers avant que les premières confréries en
soient apparues dans l'histoire de l'Europe, et que très probablement
les Génois et les Vénitiens les copièrent les premiers.
Dès le IXe siècle, Touloûn avait même
pris le lion " comme emblème de sa puissance " et l'avait
fait sculpter à la porte de son palais. Chaque dynastie avait en outre
ses emblèmes; le trône des khalifes était drapé aux nuances de
l'empire, et si grande fut l'importance attachée à ce détail, que
quand Saleh-ed-dîn reconnut en 567 (1171) la suprématie des Abbassides
de Baghdad, le premier soin de ceux-ci fut de lui envoyer un manteau
d'honneur en drap noir, afin, dirent les textes, "que le trône
pût être recouvert des armoiries abbassides ".
D'autre part, l'étymologie des noms des
couleurs du blason est orientale. Azur vient du persan lazurd
- bleu; - gueules, de gûl - rose ou rouge - et les armes des
croisés furent parlantes, de même que celles des musulmans. |