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Fig. 143. - Tombeau du sultan Hassan.
 

Pour mémoire, il est bon de rappeler que souvent les calligraphes se plurent à des tours de force qui, par certains côtés, touchent de près à l'art. Dans des vignettes, la réunion des lettres de quelques mots détermine une silhouette convenue.
C'est ainsi que sur un talisman, par exemple; un cavalier sera dessiné au moyen des noms de douze imans d'une secte vénérée, ou qu'un épervier sera figuré par les premiers mots du Koran : Bism'-illah-er-Rahman-er-Rahirn. (Au nom du Dieu clément et miséricordieux). Entre toutes ces combinaisons ingénieuses, une surtout, tracée en koufique rectangulaire, a un aspect particulièrement symbolique bien propre à l'Orient. 

Cette vignette (fig. 1) contient la formule sacramentelle déjà reproduite : La ilaha illa Allah Mohammed raçoul Allah, qui, affrontée, représente la kaâbah de la Mekke, ses dômes et ses minarets.

   Fig. 144. - Coupôle de la chapelle funéraire de SITTA NEFFISA.
    

 

   

X. -- LES ARMOIRIES.

La place occupée par les armoiries arabes dans les oeuvres d'art les classe aussi parmi ces oeuvres. Souvent toute la décoration semble n'avoir qu'un but : les mettre en relief. Souvent aussi elles la fournissent à elles seules, et telle lampe ou tel vase de Beïbars ou de Barsébaï n'est qu'un bronze ou un cristal uni, sur lequel elles reviennent régulièrement enfermées dans un écu.

C'est une question encore pendante que celle de l'origine des armoiries1. Les croisés les ont-ils empruntées aux Arabes, ou ces derniers aux croisés? Ceci n'a rien à voir dans cette étude; pourtant, je ne puis me dispenser de rappeler en passant qu'au IXe siècle le khalifat fatimite avait ses ordres de templiers et de chevaliers avant que les premières confréries en soient apparues dans l'histoire de l'Europe, et que très probablement les Génois et les Vénitiens les copièrent les premiers.

Dès le IXe siècle, Touloûn avait même pris le lion " comme emblème de sa puissance " et l'avait fait sculpter à la porte de son palais. Chaque dynastie avait en outre ses emblèmes; le trône des khalifes était drapé aux nuances de l'empire, et si grande fut l'importance attachée à ce détail, que quand Saleh-ed-dîn reconnut en 567 (1171) la suprématie des Abbassides de Baghdad, le premier soin de ceux-ci fut de lui envoyer un manteau d'honneur en drap noir, afin, dirent les textes, "que le trône pût être recouvert des armoiries abbassides ".

D'autre part, l'étymologie des noms des couleurs du blason est orientale. Azur vient du persan lazurd - bleu; - gueules, de gûl - rose ou rouge - et les armes des croisés furent parlantes, de même que celles des musulmans.

 

1. Voir Adalbert de Beaumont.

 
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