La fleur de lis entrait dans les
armes du sultan Kalaoûn et de trois de ses descendants :
El-Melek-elAchraf-Chaâban, El- Melek-el-Mansour-Alî et
El-Melek-es-Saleh-Hagî. A Baghdad, on la voit à Bab-el-Hadîd,
la Porte de Fer (Fig.
146) et à celle du Mâristan.
Néanmoins, la science héraldique
est restée dans l'empire des khalifes à l'état
rudimentaire. Les partitions de l'écu sont primitives; elles
ne comportent guère que le chef, la fasce et la pointe. Les
figures sont: le lion, le léopard, le cheval, le bélier, le
lièvre, l'aigle, le gerfaut, la chouette, le canard et divers
poissons. On y voit aussi des coupes, des tables, des épées,
des disques, des cibles, des cornes, des losanges, des clefs,
des croissants, des arbres et des fleurs.
Dans la collection de M. le Dr
Fouquet j'ai relevé plus de cent blasons d'émirs. Les émaux
les plus souvent employés sont l'or, l'argent, le gueules,
l'azur et le sinople. Le sable est rare, contrairement à ce
qu'on serait en droit d'attendre d'un art symbolique. Le noir
était la couleur du manteau du Prophète : il avait été
choisi par les khalifes abbassides en témoignage de leur
désir de venger la mort de Hossein, de Zeïd et de l'iman
Ibrahîm. Seuls les Fatimites, qui se regardaient comme les
descendants de Ali, avaient arboré l'étendard blanc, et ce
ne fut qu'en 773 (1371) qu'El-Melek-el-Achraf-Chaâban ordonna
aux descendants de Mahomet de se vêtir de vert, comme indice
de leur parenté avec le chef de la religion. Le sable aurait
donc dû occuper le premier rang dans le renk des
khalifes; tout au contraire, on ne le rencontre que très
rarement.
Sur les frises des monuments, sur
les lampes émaillées, sur les manuscrits, l'effet de ces
armoiries est souvent charmant. Leur tort est d'avoir induit
en erreur de graves critiques, qui, jugeant de tout d'après
ce qu'ils connaissent - l'art héraldique, - |