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CHAPITRE II
 
L'ARCHITECTURE CIVILE
 

 

I.- L'ARCHITECTURE MILITAIRE.

 
Fig. 148.

L'architecture civile de l'époque des sultans a laissé peu de vestiges, et ce n'est guère que par des descriptions que nous pouvons en juger. Pourtant, l'hôpital de Kalaoûn, le mâristan-el-kébir est encore debout; la fontaine d'El-Moyyed attient toujours à sa mosquée et au commencement de notre siècle, le palais de Saleh-ed-dîn se voyait encore dans l'enceinte de la citadelle, à la place qu'occupe actuellement la mosquée de Mohammed-Alî.

Ce palais surtout aurait été intéressant à connaître. Il constituait le seul spécimen de l'habitation privée qui soit parvenu jusqu'à nous. 

Par malheur, ceux qui s'en sont occupés ont été absorbés par le tableau que leur improvisait un groupe d'Arabes accroupis dans une cour, ou le défilé d'une troupe de chameaux au-devant d'une porte. Pour lui, ils ont négligé les plus importants détails architectoniques. Prisse d'Avenues a appelé leurs dessins des caricatures... Il a eu grandement raison.

De l'architecture militaire des Fatimites, il nous est resté plusieurs portes du Caire. Leur construction remonte au règne de Mostanser, qui, la mutinerie de sa garde réprimée, s'occupa de fortifier sa capitale. En 485, (1092), son vizir Bedz-el-Djamalî chargea trois architectes d'Orfa d'en bâtir les portes. L'une d'elles - Bab-ez-Zouïleh, la porte des Zouïliens - résume admirablement la porte orientale. Elle a deux tours elliptiques (fig. 149), 

    

 

   
entre lesquelles s'ouvre une baie voûtée haute de 22 mètres sous clef. Les murs latéraux sont partagés en travées rectangulaires couronnées d'une corniche à créneaux. L'appareillage, accusé en chaînes horizontales, met à ces murs une rayure; le ressaut de la corniche une ombre déchiquetée; mais l'aspect général est celui d'une construction solide et massive. L'Arabe, qui n'a pas l'enthousiasme artistique, s'est enthousiasmé pour elle ; les poètes l'ont chantée. " O mon ami, dit l'une de ces poésies, si tu avais vu bab-el-Zouïleh! - C'est une porte - qui a la voie lactée pour vêtement - et Sirius pour ornement. - L'image de Lat - brille sur sa façade. - Si Pharaon avait vu cette porte, - il n'aurait plus voulu de son palais - ou il n'en aurait pas ordonné la construction!
Fig. 149. - Bab-ez-Zouileh.
La citadelle - kalaat - de Saleh-ed-dîn était, elle aussi, un monument parfait de l'architecture militaire des croisades. Assise sur les flancs d'une colline abrupte, elle avait une triple enceinte crénelée à la mode franque. La seconde ligne, très rapprochée de la première, permettait à ses défenseurs de se porter au secours de celle-ci, au cas où elle aurait été forcée. Des tours rondes ou carrées faisaient avant-corps de distance en distance sur cette seconde ligne, et en renfonçaient les points faibles, de manière à couvrir le chemin de ronde ainsi établi. A la troisième enceinte, le kalaat proprement dit, s'accumulaient tous les moyens de défense dont disposaient les ingénieurs d'alors. Des mâchicoulis pratiqués dans l'encorbellement des parapets commandaient la base des remparts soigneusement construits en talus. Là, toutes les précautions étaient prises pour rendre la sape impossible les pierres des glacis avaient des dimensions colossales; elles provenaient des anciennes pyramides et " étaient si dures, dit Makrîsi, qu'elles résistaient aux outils les plus forts, et si lourdes qu'il fallait quatre bœufs pour en traîner une seule ".
 
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