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CHAPITRE II |
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L'ARCHITECTURE CIVILE |
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I.- L'ARCHITECTURE MILITAIRE. |
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L'architecture civile de l'époque
des sultans a laissé peu de vestiges, et ce n'est guère que
par des descriptions que nous pouvons en juger. Pourtant,
l'hôpital de Kalaoûn, le mâristan-el-kébir est encore
debout; la fontaine d'El-Moyyed attient toujours à sa
mosquée et au commencement de notre siècle, le palais de
Saleh-ed-dîn se voyait encore dans l'enceinte de la
citadelle, à la place qu'occupe actuellement la mosquée de
Mohammed-Alî.
Ce palais surtout aurait été
intéressant à connaître. Il constituait le seul spécimen
de l'habitation privée qui soit parvenu jusqu'à nous. |
Par malheur, ceux qui
s'en sont occupés ont été absorbés par le tableau que leur
improvisait un groupe d'Arabes accroupis dans une cour, ou le
défilé d'une troupe de chameaux au-devant d'une porte. Pour
lui, ils ont négligé les plus importants détails
architectoniques. Prisse d'Avenues a appelé leurs dessins des
caricatures... Il a eu grandement raison.
De l'architecture militaire des Fatimites, il nous est
resté plusieurs portes du Caire. Leur construction remonte au
règne de Mostanser, qui, la mutinerie de sa garde réprimée,
s'occupa de fortifier sa capitale. En 485, (1092), son vizir
Bedz-el-Djamalî chargea trois architectes d'Orfa d'en bâtir
les portes. L'une d'elles - Bab-ez-Zouïleh, la porte des
Zouïliens - résume admirablement la porte orientale. Elle a
deux tours elliptiques (fig. 149), |
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entre lesquelles s'ouvre
une baie voûtée haute de 22 mètres sous clef. Les murs
latéraux sont partagés en travées rectangulaires couronnées d'une
corniche à créneaux. L'appareillage, accusé en chaînes horizontales,
met à ces murs une rayure; le ressaut de la corniche une ombre
déchiquetée; mais l'aspect général est celui d'une construction
solide et massive. L'Arabe, qui n'a pas l'enthousiasme artistique, s'est
enthousiasmé pour elle ; les poètes l'ont chantée. " O mon ami,
dit l'une de ces poésies, si tu avais vu bab-el-Zouïleh! -
C'est une porte - qui a la voie lactée pour vêtement - et Sirius pour
ornement. - L'image de Lat - brille sur sa façade. - Si Pharaon
avait vu cette porte, - il n'aurait plus voulu de son palais - ou il
n'en aurait pas ordonné la construction! |
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La citadelle - kalaat - de
Saleh-ed-dîn était, elle aussi, un monument parfait de l'architecture
militaire des croisades. Assise sur les flancs d'une colline abrupte,
elle avait une triple enceinte crénelée à la mode franque. La seconde
ligne, très rapprochée de la première, permettait à ses défenseurs
de se porter au secours de celle-ci, au cas où elle aurait été
forcée. Des tours rondes ou carrées faisaient avant-corps de distance
en distance sur cette seconde ligne, et en renfonçaient les points
faibles, de manière à couvrir le chemin de ronde ainsi établi. A la
troisième enceinte, le kalaat proprement dit, s'accumulaient
tous les moyens de défense dont disposaient les ingénieurs d'alors.
Des mâchicoulis pratiqués dans l'encorbellement des parapets
commandaient la base des remparts soigneusement construits en talus.
Là, toutes les précautions étaient prises pour rendre la sape
impossible les pierres des glacis avaient des dimensions colossales;
elles provenaient des anciennes pyramides et " étaient si dures,
dit Makrîsi, qu'elles résistaient aux outils les plus forts, et si
lourdes qu'il fallait quatre bœufs pour en traîner une seule ". |
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