Mais cette forteresse, pour puissante
qu'elle fût, était surtout la résidence royale, le château qui
renfermait le palais du souverain, et ses lignes les plus
formidables étaient tournées contre la ville.
L'ancienne demeure des Fatimites n'avait
point paru assez sûre à Saleh-ed-dîn. Sous Beïbars, le vieux
palais avait déjà disparu, et sur les rues du beïn-el-kasreïn
et du beïn-es-soureïn s'étaient élevés les hôtels des
ministres et des émirs. L'un de ces derniers, l'émir
Chems-ed-dîn-Baïsarî, y possédait deux kousour pour
lesquels il avait dépensé des sommes considérables. Un seul avec
ses dépendances couvrait un espace d'un hectare. Ses marbres
passaient pour les plus beaux du Caire et son porche était
célèbre entre tous. La plupart de ces palais avaient leur porte
fortifiée, de manière à pouvoir résister à un coup de main
d'une populace toujours prête au pillage. La porte du palais de
Beïbars a des moucharabiyehs de pierre et des meurtrières;
celle d'un petit mâristan perdue au milieu de constructions
modernes dans le quartier de MohammedDjanûm, neveu de Kaïtbaï,
des mâchicoulis dissimulés sous des sculptures qui lui donnent
comme un faux air gothique (fig. 148). Mais, par ces épaves, il est
impossible de se faire une idée des hôtels dont elles défendaient
l'entrée. Seul le mâristan-el-kébir pourrait peut-être
servir à cette évocation.
II. - HÔPITAL, FONTAINE ET MAISON
PRIVÉE.
" L'étude du mâristan, dit
Prisse d'Avennes, serait d'autant plus précieuse pour l'histoire de
l'architecture arabe qu'il n'y a plus debout aucun palais de son
époque et qu'il rappelle, par sa distribution et son ornementation,
les édifices des premiers temps. Nous en avons pour preuve la
conformité du plan de ses salles avec les ruines d'un palais
attribué à Saleh-ed-dîn, découvert près du Mékhréméh.
" Cette étude n'a jamais été tentée. Elle est fort
difficile, elle n'est cependant pas impossible.
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