Pages précédentes L'ART ARABE AL. GAYET LIVRE VI. - CHAPITRE II. Pages suivantes
   Retour page Table des matières  
   
  

Mais cette forteresse, pour puissante qu'elle fût, était surtout la résidence royale, le château qui renfermait le palais du souverain, et ses lignes les plus formidables étaient tournées contre la ville.

L'ancienne demeure des Fatimites n'avait point paru assez sûre à Saleh-ed-dîn. Sous Beïbars, le vieux palais avait déjà disparu, et sur les rues du beïn-el-kasreïn et du beïn-es-soureïn s'étaient élevés les hôtels des ministres et des émirs. L'un de ces derniers, l'émir Chems-ed-dîn-Baïsarî, y possédait deux kousour pour lesquels il avait dépensé des sommes considérables. Un seul avec ses dépendances couvrait un espace d'un hectare. Ses marbres passaient pour les plus beaux du Caire et son porche était célèbre entre tous. La plupart de ces palais avaient leur porte fortifiée, de manière à pouvoir résister à un coup de main d'une populace toujours prête au pillage. La porte du palais de Beïbars a des moucharabiyehs de pierre et des meurtrières; celle d'un petit mâristan perdue au milieu de constructions modernes dans le quartier de MohammedDjanûm, neveu de Kaïtbaï, des mâchicoulis dissimulés sous des sculptures qui lui donnent comme un faux air gothique (fig. 148). Mais, par ces épaves, il est impossible de se faire une idée des hôtels dont elles défendaient l'entrée. Seul le mâristan-el-kébir pourrait peut-être servir à cette évocation.

II. - HÔPITAL, FONTAINE ET MAISON PRIVÉE.

" L'étude du mâristan, dit Prisse d'Avennes, serait d'autant plus précieuse pour l'histoire de l'architecture arabe qu'il n'y a plus debout aucun palais de son époque et qu'il rappelle, par sa distribution et son ornementation, les édifices des premiers temps. Nous en avons pour preuve la conformité du plan de ses salles avec les ruines d'un palais attribué à Saleh-ed-dîn, découvert près du Mékhréméh. " Cette étude n'a jamais été tentée. Elle est fort difficile, elle n'est cependant pas impossible. 

    

 

   
Elle ne demanderait de celui qui l'entreprendrait que deux choses : la connaissance de la philosophie de l'art arabe et de l'esprit de l'Orient. Je sais bien que peu d'artistes pourront se pénétrer de l'une et de l'autre. La psychologie de l'Orient est si loin de la nôtre ! J'ai vainement cherché dans tout ce qui a été écrit sur l'art arabe la compréhension de son esthétique. Chacun lui a demandé un système à l'appui d'une théorie et l'a trouvé naturellement.
 

Les dispositions générales du plan sont néanmoins visibles c'est toujours la croix centrée sur une cour et dont les branches sont couvertes par un berceau ogival. Un plan détaillé de l'hôpital a été donné par Pascal Costel1 il renferme trop de divisions modernes et trop peu de dispositions anciennes pour être reproduit ici.

Fig. 150. - Plan d'un sébil. (XVème siècle).
 
Le sébil - fontaine - ancien ne différait du moderne que par la pureté de son architecture. Le plan est resté le même (fig. 150). C'est une rotonde surélevée de quelques marches et percée de larges baies fermées par des grilles de bronze. Dans l'épaisseur de chaque travée, un bassin est placé à hauteur d'appui régulièrement rempli d'eau ou alimenté par le filet d'une fontaine; des gobelets de cuivre s'y rattachent par des chaînettes afin que les passants puissent venir s'y désaltérer. La plupart des mosquées ont leur sébil ; d'autres sont des fondations pieuses. Tous étaient ornés avec un goût parfait et souvent un luxe inouï.

Généralement, le sébil est revêtu à l'intérieur de mosaïques et de carreaux de faïence. Un petit mihrab y indique parfois la direction de la kaâbah.

 

1. Pascal Coste, les Monuments du Caire.

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes