Et maintenant, avant de clore cette étude et
d'apprécier le rôle rempli par l'art arabe dans l'histoire de l'art,
résumons en quelques mots les diverses étapes. Quand apparaît l'Islam
en Arabie, celle-ci n'a point d'art à elle, point de monuments, point
de luxe, rien qu'une chapelle que la tradition a consacrée, qu'un
incendie dévore et qu'un chrétien jacobite d'Égypte rebâtit.
Cette pauvreté n'est point la conséquence de la pauvreté du sol,
mais d'une inaptitude de l'Arabe aux choses artistiques; à peine né,
l'Islam triomphant étend sa domination sur la Syrie, le Yémen, la
Perse et l'Égypte, et néanmoins il ne cherche pas à exprimer par
l'art l'enthousiasme de ses croyances; il reste indifférent en face des
monuments divers qu'il rencontre sur sa route et n'en tire aucun
enseignement. Bientôt pourtant un sentiment inné chez lui,
l'ostentation, le pousse à donner à son culte des édifices qui en
annoncent la puissance; et, pour cela, il a recours aux ouvriers des
peuples qu'il a vaincus.
C'est en Égypte que s'élève la première grande mosquée, celle
dont le renom s'étend dans tous les pays musulmans. Son architecte est
un Copte, ses ouvriers des Coptes, et le style adopté dans l'ordonnance
du sanctuaire, - autant qu'il est possible d'en juger à travers tous
les remaniements qu'il a subis, - le style de l'école d'Alexandrie. Une
première période s'ouvre alors pour l'art arabe, celle de la formation
de son type architectural. |