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Sur la bande de la panse est la dédicace de la lampe, avec la date de la consécration et la signature du verrier; six anses permettent d'installer les chaînettes ou les cordons de soie par lesquels doit être suspendue la lampe. Des médaillons les cernent et se prêtent à des compositions variées à l'infini; tantôt un médaillon pareil se répète sur la bande du col; tantôt les armes du sultan ou de l'émir s'y écartèlent sur fond d'or, coupant chaque face de l'inscription par le milieu. D'autres fois, la panse de la lampe sera tapissée d'arabesques, de semis de fleurs ou de rinceaux de feuillages, ou bien encore le piédouche recevra, lui aussi, des cordons d'ornements. Mais, si éclatant que soit ce décor, il reste net et tranché. Le col est séparé de la panse par un collier, la panse du piédouche par des surfaces lisses ou estompées tout au plus d'un léger réseau.

Le nom de kandyl Kalaoûny donné dès lors, en Égypte, à ces lampes témoigne de la faveur dont elles jouirent; les mosquées en furent constellées et c'est à dater de cette époque qu'on en voit des représentations dans les bas-reliefs des mirhabs. Nesfy-Keïssoûn (732) (1332) en fait le premier graver une figure au-dessus du bouquet symbolique de sa kibla; et par un de ces jeux d'esprit familiers à l'Arabe, ce sont les lettres de la sourate : " Allah est la lumière des cieux ", qui servent à la dessiner (fig. 122).

Le musée arabe du Caire1 contient la plus belle collection de lampes de mosquée qui ait été réunie; leur nombre dépasse cinquante; plus de trente proviennent de la mosquée du sultan Hassan, neuf de celle de Barkoûk, le reste des sanctuaires de Kaïtbaï et d'El-Ghoury.

 

1. Voir dans le Bulletin de l'Institut du Caire le mémoire de S. E. Artin pacha intitulé : Sur trois lampes de mosquée. L'auteur fait remarquer que la lampe cataloguée au musée sous le n° 7 est signée El. Ameky, nom persan qui a son équivalent en français : Serrurier.

    

 

   
Toutes sont à fond d'or recouvert. Deux de celles qui proviennent de la mosquée de Barkoûk ont des semis d'arabesques bleues et rouges, une autre des rinceaux séparés par des médaillons, une autre encore porte au col une tresse fleurie blanche et rouge, une autre enfin une inscription esquissée or sur fond or. 
 
Celles du sultan Hassan ont, l'une des branches de fleurs et de feuillages esquissées rouge sur fond or, l'autre des médaillons blancs avec arabesques vert pâle, jaune pâle et rouge; une autre encore, des fleurs rouge et or sur fond d'or, une autre enfin, des entrelacs coupés de rinceaux, d'arabesques vertes, à fleurons jaune pâle et blanc; sous Kaïtbaï une réaction s'opère, qui supprime le décor et donne la préférence aux lampes unies ou sur lesquelles est à peine gravé un léger cordon ornemental; en même temps la forme change. Sous Khonsou-el-Ghoury le piédouche disparaît, l'étranglement du col s'amoindrit et souvent même fait place à un léger rebord qui s'évase autour de la panse.
Fig. 122.
D'ailleurs, si profonde fut la décadence où tomba la verrerie arabe vers la fin du XVe siècle. que les édifices des derniers Bordjites eurent nombre de lampes fabriquées à Venise ; cent ans plus tard l'Égypte avait perdu le secret de l'émail.

Les verreries émaillées à fond d'or ont donc été une forme parfaite de l'art arabe.

 
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