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Bon nombre sont ornées de figures animales ou humaines ; j'ai étudié l'esthétique de ces images, je n'y reviendrai pas.
Fig. 123. - verrerie du XVème siècle.  
Bon nombre sont ornées de figures animales ou humaines ; j'ai étudié l'esthétique de ces images, je n'y reviendrai pas. Pourtant, un vase de la Grün Gewölbe de Dresde me paraît un argument de plus en faveur de l'origine copte de la décoration arabe. Sur le verre en question, des cavaliers jouent à la paume (fig. 123). D'après les caractères de l'inscription et le style des arabesques, la pièce date du XIVe siècle, quoique la monture, de beaucoup postérieure, lui prête un air moderne. Mais le cavalier debout sur ses étriers, le Djokan avec lequel il s'apprête à chasser la paume, brandi à bout de bras, ressemble singulièrement au saint Georges des anciennes stèles coptes et des manuscrits du XIe siècle. L'allure du cheval est la même, le détail anatomique identique. Quant au cavalier, rien ne lui manque pour se métamorphoser en saint Georges. Une sorte d'auréole plane sur sa tête et le geste est celui du chef des milices célestes, lorsqu'il s'apprête à frapper.
 
Si j'insiste sur ce point, c'est qu'un fragment de cristal émaillé d'une lampe copte de la collection de M. le Dr Fouquet me fournit ici encore des éléments de comparaison. Ce fragment porte une figure de saint Georges esquissée en rouge sur fond d'émail bleu foncé. Le saint monte une haquenée blanche, caparaçonnée d'or et couverte d'une housse brune soutachée de jaune; 
    

 

   
son visage est d'or, ainsi que ses mains, conformément aux idées religieuses des Coptes1. Un manteau vert, liséré de rouge et de jaune, tombe de ses épaules à ses étriers, pareil à celui du cavalier de la Grün Gewölbe de Dresde, et complétant le tout, une arabesque or à fleurs roses se tord dans les espaces restés libres, si fine qu'à certains endroits, où le fond s'est écaillé, il est difficile d'en suivre les enroulements.

III. - LES TAPISSERIES ET LES ÉTOFFES.

Le rôle joué par les tapisseries et les étoffes brodées dans les édifices orientaux a de temps immémorial été considérable. Pour grand qu'il nous apparaisse sous les khalifes arabes, il n'a cependant pas eu l'importance que quelques auteurs ont cru. " Il semble, dit Owen Jones, que les Arabes ont transplanté dans leurs habitations fixes, sous une autre forme, les riches étoffes qui ornaient leurs premières demeures, qu'ils ont changé les mâts de leurs tentes en colonnes de marbre et leurs tissus de soie en plâtre doré. " 

Fig. 124. Cette opinion de l'éminent critique est tout au moins extraordinaire.  La tente primitive! Elle était de bure brune, sans que jamais le moindre ornement s'y brodât : celle du chef peut être un peu moins sordide que les autres; celles de la tribu, des loques sans nom.
Mais Viollet-le-Duc, reprenant à son tour cette singulière théorie pour son propre compte, s'exprime ainsi : " Ils (les Arabes) n'avaient d'autre luxe que celui des étoffes et des armes. Pour eux comme pour le juif de l'époque primitive, l'habitation n'était autre chose que la cabane recouverte d'étoffes précieuses;  
 

1. Al. Gayet, Des tendances de l'art de l'Orient ancien à la période chrétienne.

 
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