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à propos de cette, statistique, une observation qui s'applique au
sol forestier des trois départements :
Sous la domination des Turcs, les Arabes avaient coutume d'incendier
leurs forêts, tant pour démasquer les attaques des tribus voisines
dont ils redoutaient les agressions, que pour obtenir par le jet de
nouvelles pousses, une nourriture abondante pour leurs troupeaux.
C'était leur manière habituelle de procéder aux défrichements.
Le sol, reposé far plusieurs années d'abandon, engraissé par les
détritus des arbres qu'ils réduisaient en cendres, donnait, au
moyen d'une légère culture, une récolte abondante, récolte
qu'ils renouvelaient, à des époques plus ou moins rapprochées,
suivant leurs besoins.
C'est ainsi que le sol a été
incessamment dénudé et que les forêts ont disparu peu à peu des
sommets et des pentes des montagnes. Voilà pourquoi, aucun obstacle
ne ralentissant la fonte des neiges et l'écoulement des eaux
pluviales, les rivières qui sont à sec pendant l'été, débordent
pendant l'hiver ; pourquoi encore, dans certains centres, le
combustible ligneux est déjà hors de prix. - Il y a donc
nécessité de procéder au plus vite au reboisement des montagnes.
Dans l'ensemble du territoire qui forme
le département, deux parties méritent une description
particulière; ce sont la Grande Kabylie et le M'Zab :
Grande Kabylie. - La Kabylie proprement dite est comprise
entre Dellys, Aumale, Sétif et Bougie. Une partie seulement de son
territoire appartient à la province d'Alger. Cette partie est
bornée ; au nord, par la mer; au sud, par les massifs du Djurdjura
et duDira; à l'ouest, par l'Isser oriental; à l'est, par la
chaîne rocheuse qui s'étend du col d'Akfadou à l'ouest du cap
Sigli. Elle est caractérisée par une série de hautes montagnes
qui se croisent en tous sens, comme les mailles d'un filet et dont
les
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massifs principaux sont séparés les uns des autres par des
gorges plus ou moins profondes, au milieu desquelles coulent dans des
directions diverses; l'Isser, le Sébaou et l'Oued-Sahel,
qui, à la fonte des neiges reçoivent toutes les eaux qui
descendent des sommets du Djurdjura.
Les pitons les plus élevés de la grande chaîne dessinent
dix-sept cols principaux qui font communiquer la partie nord du pays
avec la vallée de l'Oued-Sahel; plusieurs d'entre eux vont en
s'élargissant et présentent un plateau d'une assez grande
étendue, couvert d'herbes et de plantes que paissent les troupeaux
pendant l'été. Les plus importants de ces défilés sont : 1° le
col de Tirourda (1,957 mètres), qui prend son nom d'un
village de la tribu des Illiten : c'est plutôt, à proprement
parler, un vaste plateau dont le point le plus élevé, appelé Tachoucht,
fixe la limite qui sépare les Illiten des Melikeuch. Il est d'un
accès facile et très fréquenté par les voyageurs ; 2° le col de
Chellata (1,682 mètres), qui descend sur Akbou ; 3° le col
d'Akfadou (1,385 mètres), situé à l'est des Beni-Idjer, et
par lequel les tribus de l'est passent de la vallée du Sahel dans
celle du Sébaou. Son accès est facile ; il est d'ailleurs
abondamment irrigué par deux sources et couvert de prairies; à
l'ouest de ce passage, existe une forêt de chênes-zéen.
La Kabylie est pauvre : on ne trouve que peu de sol cultivable
sur toute l'étendue de ce territoire si violemment tourmenté.
" La terre, dit le capitaine Devaux dans un excellent ouvrage (les
Kabyles du Djurdjura), a été bouleversée partout où elle
offrait quelques chances de production en céréales ou en
jardinage. Dans la montagne on n'a réservé pour les troupeaux que
les taillis non encore défrichés et les croupes rocheuses,
impropres à toute espèce de culture, par suite du peu d'épaisseur
de la couche végétale. Dans les vallées, les maquis de lentisques
et de jujubiers sauvages recèlent quelques maigres
pâturages. |
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