Pages précédentes GÉOGRAPHIE DE L'ALGÉRIE   par ACHILLE FILLIAS Pages suivantes
 - 6 -  Retour page Table des matières  - 7 -
   
   à propos de cette, statistique, une observation qui s'applique au sol forestier des trois départements :
Sous la domination des Turcs, les Arabes avaient coutume d'incendier leurs forêts, tant pour démasquer les attaques des tribus voisines dont ils redoutaient les agressions, que pour obtenir par le jet de nouvelles pousses, une nourriture abondante pour leurs troupeaux. C'était leur manière habituelle de procéder aux défrichements. Le sol, reposé far plusieurs années d'abandon, engraissé par les détritus des arbres qu'ils réduisaient en cendres, donnait, au moyen d'une légère culture, une récolte abondante, récolte qu'ils renouvelaient, à des époques plus ou moins rapprochées, suivant leurs besoins.

C'est ainsi que le sol a été incessamment dénudé et que les forêts ont disparu peu à peu des sommets et des pentes des montagnes. Voilà pourquoi, aucun obstacle ne ralentissant la fonte des neiges et l'écoulement des eaux pluviales, les rivières qui sont à sec pendant l'été, débordent pendant l'hiver ; pourquoi encore, dans certains centres, le combustible ligneux est déjà hors de prix. - Il y a donc nécessité de procéder au plus vite au reboisement des montagnes.

Dans l'ensemble du territoire qui forme le département, deux parties méritent une description particulière; ce sont la Grande Kabylie et le M'Zab :

Grande Kabylie. - La Kabylie proprement dite est comprise entre Dellys, Aumale, Sétif et Bougie. Une partie seulement de son territoire appartient à la province d'Alger. Cette partie est bornée ; au nord, par la mer; au sud, par les massifs du Djurdjura et duDira; à l'ouest, par l'Isser oriental; à l'est, par la chaîne rocheuse qui s'étend du col d'Akfadou à l'ouest du cap Sigli. Elle est caractérisée par une série de hautes montagnes qui se croisent en tous sens, comme les mailles d'un filet et dont les 

    

 

   

massifs principaux sont séparés les uns des autres par des gorges plus ou moins profondes, au milieu desquelles coulent dans des directions diverses; l'Isser, le Sébaou et l'Oued-Sahel, qui, à la fonte des neiges reçoivent toutes les eaux qui descendent des sommets du Djurdjura.

Les pitons les plus élevés de la grande chaîne dessinent dix-sept cols principaux qui font communiquer la partie nord du pays avec la vallée de l'Oued-Sahel; plusieurs d'entre eux vont en s'élargissant et présentent un plateau d'une assez grande étendue, couvert d'herbes et de plantes que paissent les troupeaux pendant l'été. Les plus importants de ces défilés sont : 1° le col de Tirourda (1,957 mètres), qui prend son nom d'un village de la tribu des Illiten : c'est plutôt, à proprement parler, un vaste plateau dont le point le plus élevé, appelé Tachoucht, fixe la limite qui sépare les Illiten des Melikeuch. Il est d'un accès facile et très fréquenté par les voyageurs ; 2° le col de Chellata (1,682 mètres), qui descend sur Akbou ; 3° le col d'Akfadou (1,385 mètres), situé à l'est des Beni-Idjer, et par lequel les tribus de l'est passent de la vallée du Sahel dans celle du Sébaou. Son accès est facile ; il est d'ailleurs abondamment irrigué par deux sources et couvert de prairies; à l'ouest de ce passage, existe une forêt de chênes-zéen.

La Kabylie est pauvre : on ne trouve que peu de sol cultivable sur toute l'étendue de ce territoire si violemment tourmenté. " La terre, dit le capitaine Devaux dans un excellent ouvrage (les Kabyles du Djurdjura), a été bouleversée partout où elle offrait quelques chances de production en céréales ou en jardinage. Dans la montagne on n'a réservé pour les troupeaux que les taillis non encore défrichés et les croupes rocheuses, impropres à toute espèce de culture, par suite du peu d'épaisseur de la couche végétale. Dans les vallées, les maquis de lentisques et de jujubiers sauvages recèlent quelques maigres pâturages. 

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes