Bientôt le son grave du canon, répété par des milliers d'échos,
vint se mêler au bruit de ces créatures humaines, et de nombreux
projectiles, habilement dirigés, tombèrent au milieu des groupes
qui se présentaient sur la crête du ravin par lequel Constantine
est séparée de Mansoura. "
Après avoir disposé l'attaque et formé
les colonnes, le général en chef envoya faire aux assiégés les
sommations d'usage. Ce fut un soldat du bataillon turc qui porta la
dépêche. Il se hissa à une corde jetée du rempart, et fut
introduit dans la place. Le lendemain il revint avec cette réponse
verbale : " Il y a dans Constantine beaucoup de munitions de
guerre et de bouche. Si les Français en manquent, nous leur en
enverrons. Nous ne savons pas ce que c'est qu'une brèche ou une
capitulation. Nous défendrons à outrance notre ville et nos
maisons. On ne sera maître de Constantine qu'après avoir égorgé
jusqu'au dernier de ses défenseurs. "
- " Ce sont des gens de cœur, dit M. Damrémont. L'affaire
n'en sera que plus glorieuse pour nous! "
Et il se rendit avec sa suite sur le
plateau de Coudiat-Aty pour examiner la brèche. Là, il mit pied à
terre, fit quelques pas en avant et s'arrêta sur un point
découvert;- un boulet, parti de la place, le renversa sans vie....
Le lieutenant-général Valée prit le
commandement des troupes. Il fit canonner la ville et ordonna
l'assaut pour le lendemain.
Les troupes furent réparties en trois
colonnes ; la première sous les ordres du lieutenant-colonel
Lamoricière; la seconde et la troisième sous ceux des colonels
Combes et Corbin.
A sept heures précises, par un soleil
radieux, le duc de Nemours donne le signal : la première colonne
s'ébranle, gagne
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