Pendant l'été, les Nomades se
dirigent vers le nord, s'arrêtant dans les plaines dont la
végétation tardive, leur offre des ressources en herbages,
puis ils descendent dans le Tell où ils échangent contre des
grains une partie de leur bétail et de leurs lames, et les
divers produits de leur industrie, burnous, haïks, tapis,
etc. Ils reviennent en novembre passer l'hiver dans leurs
familles. Le Tell est donc, à proprement dire, le grenier du
Sahara.
Ces migrations périodiques s'effectuent suivant des règles
établies de longue date, et que les Nomades transgressent
rarement.
Dans le sud, chaque tribu a ses terres de parcours, et
elle ne pourrait, sans courir le risque d'être rudement
châtiée, conduire ses troupeaux dans les pacages réservés
à d'autres tribus. Quand il y a contestation sur le droit
d'usage en tel ou tel point, le différend est presque
toujours soumis à l'arbitrage des marabouts, dont la
décision fait loi.
Lorsqu'ils descendent dans le Tell, les Sahariens s'installent
avec leurs troupeaux dans les endroits qu'ils ont eux-mêmes
choisis après s'être entendus avec les détenteurs du sol,
qui leur abandonnent le droit de pacage soit en vertu de
traditions séculaires, soit à la suite de conventions
amiables débattues librement, et en dehors de toute ingérance
administrative. Les agents de l'autorité, en territoire
civil, et les officiers de bureau arabe ou leurs adjoints, en
territoire militaire, n'interviennent que pour remplir, le cas
échéant, un rôle d'ordre et de police, et empêcher les
Nomades de s'épandre en dehors des terrains dont ils ont
acquis, ou obtenu, la jouissance temporaire. |