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   il lui parut qu'il était trop à l'étroit dans une petite place de guerre et il voulut s'agrandir aux dépens des tribus qui campaient à portée de canon. Mal lui en prit : les premiers succès furent suivis d'éclatantes défaites et la réputation de bravoure dont jouissaient les troupes espagnoles en fut à ce point compromise qu'une nouvelle expédition fut jugée nécessaire.

Ferdinand confia le commandement d'une armée de 15,000 hommes au cardinal Ximenès, qui déclarait prendre à sa charge tous les frais de la campagne. Les troupes s'embarquèrent à Carthagène le 16 mai 1509 : deux jours après, grâce à la trahison d'un juif qui leur livra la porte principale de la ville, elles s'emparaient d'Oran.

Ximenès ne voulut point s'engager dans une guerre de conquêtes : cette prise de possession suffisait à son orgueil et il entendait laisser à ses successeurs le soin d'achever son œuvre. Oran devint en peu d'années une place de guerre de premier ordre et les Espagnols s'y maintinrent, presque sans interruption, jusqu'en 1790 : ils l'évacuèrent à la suite du tremblement de terre qui la bouleversa de fond en comble (8-9 octobre). Les Arabes y rentrèrent aussitôt et en firent la capitale du beylick.

A dater de 1831 s'ouvre une ère nouvelle. Le bey fait sa soumission à la France au lendemain de la prise d'Alger, et résigne ses fonctions; nos troupes occupent Oran (10 décembre 1830), s'emparent de Mers-el-Kébir, puis se trouvent bientôt en face d'Abd-el-Kader, que les trois plus puissantes tribus de la province - les Hachem, les Beni-Amer et les Gharabas - viennent de proclamer sultan.

Abd-el-Kader prêche la guerre sainte, appelle à lui tous les hommes qui peuvent manier une arme, recrute une armée de fanatiques, tient en échec nos généraux et acquiert un tel 

    

 

   

prestige qu'il traite avec eux au nom du peuple arabe dont il sera désormais le chef suprême, l'Émir. En 1834 (20 février), il signe avec le général Desmichels, commandant de la division d'Oran, une convention qui le rendait maître de tout le commerce de la côte, à partir de la frontière du Maroc jusqu'à l'embouchure du Chéliff. - en 1837 (30 mai), il conclut avec le général Bugeaud le traité dit " de la Tafna ", aux termes duquel la France lui abandonne la moitié de la Mitidja, l'ancienne province de Tittery, qui avait Médéa pour capitale et s'étendait jusqu'au désert, et toute la province de l'ouest, à l'exception des villes d'Oran et de Mostaganem.

Ce traité fut rompu en 1849 par Abd-el-Kader lui-même, et pour la cause la plus futile : une division, sous les ordres du dur, d'Orléans. partant de Sétif était arrivée à Alger, le 3 novembre, après avoir passé le défilé des Portes-de-Fer et traversé le territoire de quelques tribus kabyles qui, de par le traité de la Tafna, étaient placées sous la dépendance de l'émir. Abd-el-Kader vit ou feignit de voir dans ce fait particulier une violation de territoire et une reprise des hostilités ; tout aussitôt, il donna l'ordre à ses lieutenants de se tenir prêts pour des luttes nouvelles:

" La rupture vient des Chrétiens, écrivit-il à Ben-Salem, un de ses khalifats ; votre ennemi est devant vous : retroussez comme il faut vos vêtements et préparez-vous au combat. De toutes parts le signal de la guerre sainte est donné. Gardez-vous de vous laisser troubler; serrez vos ceintures et soyez prêt à tout. Grandissez-vous à la hauteur des événements ; apprenez surtout la patience ; que les vicissitudes humaines vous trouvent impassible. Ce sont des épreuves ; elles sont attachées au destin de tout bon Musulman qui s'engage à mourir pour sa foi ! " - Et le peuple arabe se leva tout entier.

La guerre dura sept ans. Nous n'avons point à en raconter ici 

 
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