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   toutes les phases ; il nous suffit de rappeler que de 1840 à 1848, sous le commandement du général Bugeaud, d'immortelle mémoire, l'armée d'Afrique accomplit de véritables prodiges. Au nombre des événements qui appartiennent à l'histoire de la province d'Oran, nous citerons suivant leur ordre chronologique :

" La défense de Mazagran : cent vingt-trois hommes du 1er bataillon d'Afrique résistèrent pendant trois jours à 15,000 Arabes qui, après cinq assauts successifs, battirent en retraite (1-4 février 1840) ; - la prise de Tagdempt (25 mai 1841) ; - l'occupation définitive de Mascara. (30 mai 1841) ; - la destruction du fort de Saïda (octobre 1841) ; - la destruction de Sebdou (9 février 1842); - l'occupation définitive de Tlemcen (15 février 1842) ; - l'occupation de Tiaret (21 avril) ; - la prise de la Smala d'Abd-el-Kader par le duc d'Aumale (16 mai 1843) ; - la bataille d'Isly, livrée par Bugeaud au fils de l'empereur du Maroc (14 août 1844). Le résultat de cette glorieuse journée fut annoncé au ministre de la guerre par cette courte dépêche :

" Ayant marché sur l'armée marocaine qui devenait chaque jour plus forte et plus menaçante pour l'Algérie, je l'ai rencontrée le 14, à deux lieues en avant de son camp. Elle a pris l'offensive avec 20,000 chevaux, au moment où nos têtes de colonnes passaient l'Isly. Nous avons été enveloppés de toutes parts ; la victoire la plus complète nous est restée. Notre infanterie d'une extrême solidité, et, un peu plus tard, notre cavalerie ont fait des prodiges de valeur. Nous avons pris successivement tous les camps qui couvraient un espace de plus d'une lieue.

" Onze pièces de canon, seize drapeaux, mille à douze cents tentes, dont celle du fils de l'empereur, son parasol, signe de commandement, tout son bagage personnel, une grande quantité de munitions de guerre et un butin immense sont restés en notre pouvoir. L'ennemi a laissé environ 800 morts sur le champ de bataille. Nos pertes, quoique sensibles, sont légères pour une journée aussi capitale, que nous nommerons la bataille d'Isly. "

    

 

   

La défaite des marocains ruinait à tout jamais les espérances d'Abd-el-Kader : proscrit du Maroc par le traité de Lalla-Maghrnia (18 mars 1845), abandonné des tribus qui, jusqu'à ce jour, lui étaient restées fidèles; sans armée, sans alliés, à bout de ressources, l'émir n'en voulut pas moins continuer la lutte; pendant les trois années qui suivirent il tint la campagne, se jetant à l'improviste tantôt sur un point, tantôt sur un autre et suppléant par l'audace à l'infériorité numérique de ses partisans. Ce fut en vain; ses efforts se brisèrent contre un double obstacle : l'ardeur de nos troupes et le découragement des siennes.

Le 23 décembre 1847, Abd-el-Kader se rendit auprès du général Lamoricière, au camp de Sidi-Brahim, et s'avoua vaincu. Pour prix de sa soumission il demandait seulement la promesse formelle qu'il serait transporté, avec sa famille, soit à Alexandrie, soit à Saint-Jean-d'Acre. Cette promesse lui fut faite; le duc d'Aumale, qui succédait à Bugeaud, la ratifia, et le sultan déchu arrivait à Toulon, avec toute sa suite, dans les premiers jours de janvier. On sait le reste.

Le Tell était définitivement conquis; le Sahara même, que venaient de parcourir les colonnes Cavaignac et Renault, semblait pacifié. D'un bout à l'autre de la province, les Arabes, cultivateurs et nomades, également fatigués des luttes incessantes qui dépeuplaient leurs douars, aspiraient au repos et, déposèrent les armes. C'est ainsi qu'à la guerre à outrance succéda une paix profonde. Peu à peu, cependant, le fanatisme religieux se réveilla, et, sur un ordre venu de la Mecque, toutes les tribus du sud-ouest se soulevèrent.

Le signal de la révolte fut donné (mars 1864) par un Bach-Agha. Si Sliman-ben-Hamza, chef des Oulad Sidi-Cheikh, famille issue d'un marabout vénéré et qui, depuis le seizième siècle, exerce une influence politique et religieuse considérable sur toutes les populations du Sahara occidental. 

 
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