|
INTRODUCTION.
Avant de commencer une étude de détail de la géographie de
l'Algérie, il faut prendre la carte et chercher à en distinguer
les lignes orographiques et hydrographiques principales qui doivent
servir de premier canevas.
Nous nous sommes efforcé, dans ce but, de résumer en quelques
pages succinctes les traits essentiels de la physionomie du pays et
de dresser une nomenclature claire des principaux noms
géographiques.
Nous avons indiqué les principaux traits de cette systématisation
dans une petite carte schématique (au 1/5,000,000e), à laquelle il
sera utile de se reporter tout d'abord, si l'on veut avoir une
première idée d'ensemble de l'Algérie.
Cette carte devra se lire avec le Résumé ci-après qui servira
ainsi d'introduction à la description de détail.
En Algérie, comme dans tous les pays dont la géographie n'est pas
encore écrite, la nomenclature géographique n'est pas fixée; les
rivières changent de dénomination suivant les localités ou
suivant les territoires qu'elles traversent, et chaque sommet de
montagne porte un nom particulier. La rivière principale d'une
région est généralement l'oued el-kebir, c'est-à-dire la grande
rivière, le rio grande. La cime la plus importante s'appelle le
nador, c'est-à-dire la vigie, ou simplement le kef, le rocher.
Quelquefois, on ajoute la qualification de gharbi ou de chergui,
c'est-à-dire d'oriental ou d'occidental; de dahraoui ou de guebli,
c'est-à-dire de septentrional ou de méridional. De là, une
confusion très grande, résultant de la répétition fréquente des
mêmes termes et de la multiplication des noms.
Les anciens avaient donné le nom d'Atlas aux grands sommets neigeux
qui, au sud des Colonnes d'Hercule, semblaient être un des piliers
qui portaient la voûte céleste. Ce nom, d'abord restreint aux
montagnes marocaines, s'est étendu à la grande chaîne qui limite
au nord le Sahara et dont le Djebel-Amour et l'Aurès sont les
masses principales. |
|
|
|
Au moment de la conquête, par une synthèse trop prompte et
insuffisamment raisonnée, on a appelé Atlas toutes les montagnes,
inconnues encore, que l'on voyait devant soi et, plus tard, des
géographes, incomplètement renseignés, en ont distingué les
différents étages, parallèles à la côte, en petit Atlas, moyen
Atlas, grand Atlas, dénominations qui ne se rapportent d'ailleurs
à aucun groupement caractérisé.
Pour rendre possible l'étude de la géographie, il faut donc, tout
d'abord, en ce qui concerne les rivières, rechercher dans chaque
bassin hydrographique la ligne d'eau maîtresse et lui conserver
jusqu'à ses sources le nom qu'elle porte à son embouchure.
Il faut de même s'efforcer d'arriver à une délimitation
méthodique des massifs et des chaînes de montagnes, et leur
attribuer des dénominations qui les caractérisent.
Pour obtenir ce résultat, on est obligé souvent de rompre avec
les habitudes locales et même d'introduire certains noms nouveaux.
Les noms que nous proposons dans le cours de cette étude sont
déterminés, soit par un sommet remarquable, comme l'Ouarsenis ou
les Babor; soit par un accident géologique important, comme les
Biban; soit par la principale tribu qui habite la contrée, comme
les Oulad Nayl, les Beni Chougran; soit simplement par le nom d'une
localité voisine : Tlemcen, Mascara, etc.; soit enfin, dans
quelques cas où ces repères manquaient, par un nom géographique
ancien, quelquefois oublié, mais historiquement connu, comme le
Zab, le Titeri.
Il est fort probable que les vieux Algériens s'étonneront de ces
hardiesses de néologisme géographique, mais ils ne se sont point
trouvés aux prises avec les difficultés d'un enseignement
méthodique. Nous leur demanderons donc de nous ménager leurs
critiques, et même de nous prêter leur appui dans l'effort que
nous tentons pour mieux faire connaître leur pays. |
|