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DE LA TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES.
La règle la plus logique à adopter pour
l'orthographe des noms géographiques des langues étrangères
paraît être celle-ci :
Écrire les noms comme ils s'écrivent dans la langue d'origine, et
s'abstenir de tout essai de prononciation figurée.
En appliquant cette théorie dans toute sa rigueur, il faudrait
donc, sur les cartes, ne pas traduire même les noms auxquels un
long usage a donné une forme française. On écrirait Milano, Wien,
Regensburg, Basel, quitte à mettre entre parenthèses les noms
français : Milan, Vienne, Ratisbonne, Bâle, et l'on éviterait
ainsi le danger de transcriptions et de déformations bizarres,
sinon barbares.
Il ne pourrait y avoir d'hésitation dans l'application de cette
règle pour les noms des langues qui s'écrivent avec des
caractères latins. La difficulté commence déjà avec les langues
slaves, même avec celles dont les lettres, empruntées à
l'alphabet latin, sont modifiées seulement par des accents ou des
barres. On peut, à la rigueur, se servir dans un texte français de
lettres accentuées, mais ce serait sans doute trop présumer des
connaissances philologiques des lecteurs que de leur présenter des
L barrés ou d'autres analogues. Le mieux serait d'avoir, pour ces
lettres, une transcription française scientifiquement fixée.
En ce qui concerne les langues dont les caractères diffèrent
complètement des caractères latins, comme les langues orientales,
l'embarras devient très grand lorsqu'il n'a point été dressé un
tableau de correspondance, permettant de rendre fidèlement et
invariablement chaque lettre par une autre ou par un groupe de
lettres qui la représentent.
Si l'on se borne à vouloir rendre le son entendu au lieu de
transcrire le mot écrit, on s'expose à des erreurs d'autant plus
fâcheuses que le même mot a des prononciations différentes
suivant les pays et suivant leurs dialectes.
M. le général Parmentier, dans les mémoires qu'il a présentés |
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à l'Association française pour l'avancement des sciences, a donné
un tableau de transcription des lettres arabes, c'est le meilleur
guide que l'on puisse se proposer. Il a admis cependant le principe
de la transcription phonétique.
On s'est généralement conformé à l'orthographe qu'il a adoptée,
et on a particulièrement évité l'emploi des apostrophes, qui
n'ont pas de signification précise en français. Mais un fort grand
nombre de noms de lieux ne se trouvent pas dans son vocabulaire.
Aussi, de trop fréquentes erreurs ont dû être commises, parce
que, la plupart du temps, on a dû copier des documents déjà
fautifs, sans avoir la possibilité de les vérifier 1.
Suivant le conseil de M. le général Parmentier, le ghaïn, qui se
prononce comme un r grasseyé, doit être transcrit par gh et non
" par rh ou r'. C'est une des lettres sur la transcription
desquelles on est le moins d'accord. Cependant cette règle
paraîtra n'avoir pas été toujours ponctuellement suivie. Ce sont
des fautes qu'on aurait désiré mais qu'on n'a pu éviter 2.
Notre texte aurait donc besoin, à ce point de vue comme à bien
d'autres, d'une révision minutieuse qui tentera, nous l'espérons,
ceux qui écriront après nous sur la géographie de l'Algérie.
La plupart des noms de lieux arabes ne sont que
des noms communs ou des qualificatifs; ainsi oued Melah la rivière
salée, Aïn Beida la source blanche, etc. On les a cependant
écrits avec des lettres majuscules. Pour le lecteur qui ne sait pas
l'arabe, ces mots se transforment d'ailleurs en véritables noms
propres; on écrit de même le mont Blanc, la mer Rouge ; et,
d'ailleurs, il n'était pas possible de faire suivre chacun d'eux de
sa traduction française.
1 Transcription pratique, au point de vue
français, des noms arabes en caractères latins, par le général
Parmentier (mémoire présenté à la session de 1879 de
l'Association française pour l'avancement des sciences.)
Vocabulaire arabe-français des principaux termes de géographie et
des mots qui entrent le plus fréquemment dans la composition des
noms de lieux. - Mémoire présenté à la section de géographie de
l'Association française pour l'avancement des sciences, au congrès
d'Alger, le 14 avril 1881, par le général Parmentier.
2 C'est ainsi qu'on trouvera parfois écrit Rira au lieu de Righa,
Melrir au lieu de Melghir, oued Ghir au lieu d'oued Righ, etc. |
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