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L'horizon de Boghar est bordé au sud par
une mince ride de collines, qui dessinent une bizarre dentelure sur
le ciel. On les appelle la chaîne des Oukaït à l'ouest, lés Seba
Rous (sept têtes) à l'est. Elles formaient les rivages nord d'un
grand lac qui ne s'est desséché qu'en dernier lieu, et qui
conserve encore quelque peu d'eau dans ses fonds les plus creux :
les Zahrez.
La route franchit cette arête au
défilé de Guelt es-Stel (bassin de l'écuelle), qui a été
vraisemblablement le canal de déversoir des eaux ; après avoir
traversé le bassin des Zahrez, dont le fond est formé d'une argile
plus blanche, on en sort, au sud, en remontant la vallée de l'oued
Melah, qui descend de Djelfa et qui est le principal tributaire du
Zahrez Gharbi.
On passe au pied du Rocher-de-Sel,
masse vraiment extraordinaire de sels éruptifs, haute de 35m, ayant
4 kil. de tour, contournée, plissée, froissée de la manière la
plus étrange, offrant des tons rougeâtres, verdâtres, bleuâtres,
enveloppée de boues grises. Des milliers de pigeons, voletant
autour de ces roches de gemme, dans lesquelles ils nichent,
contribuent à la singularité du paysage. Soudain une verdure
inattendue vient surprendre les yeux; un groupe de gaies maisons
françaises s'en détache; ce sont les plantations et les cultures
du caravansérail.
Entre Messerane et le Rocher-de-Sel, il
faut traverser péniblement, une dune de sables mouvants, que les
vents de l'ouest déplacent et reforment sans cesse au pied des
premières collines de la chaîne saharienne.
C'est au Rocher-de-Sel que commencent les
premiers talus des hauteurs qui séparent le petit et le grand
désert, et auxquelles nous proposons de donner le nom général
de monts des Oulad Nayl; la route s'élève sans pente considérable
jusqu'à Djelfa (1167m), et en franchit le faîte à quelques
kilomètres plus loin, au col des Caravanes (1310m).
Dielfa est un centre européen. Il
a eu pour origine un bordj ou poste militaire, créé, en 1852, au nœud
des routes de Laghouat, d'Aflou, de Bou Saàda. On y a construit une
maison de commandement pour l'aga de la grande tribu des Oulad
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Nayl, qui campent dans ces montagnes, et dont les migrations
s'étendent jusqu'aux limites du Touat.
Autour de Djelfa sont de grandes forêts d'une superficie de
156,000 hectares.
De Djelfa à Laghouat, la route, après avoir franchi le col des
Caravanes, descend dans un pays plutôt accidenté que montagneux.
Elle est jalonnée par les caravansérails de l'oued Seddeur, de
Ksar Timekmeret, de Ksar Zeira, d'Aïn el-Ibel, Sidi Maklouf, de
Metlili.
De Djelfa, ou mieux du Rocher-de-Sel, on peut aller à Laghouat par
Zenina, en contournant au nord les massifs du djebel Senalba et du
djebel Sera.
De Zenina, on peut suivre deux directions. La première, à l'est,
conduit à la daya Tademit et rejoint la route près de Sidi
Maklouf. Le seuil de partage entre les deux versants est peu
élevé, aussi a-t-on émis le projet d'y faire passer le chemin de
fer destiné à relier Laghouat au Tell. La ligne serait tracée
sur les Hauts-Plateaux par la vallée du Chélif, Taguin, et Zenina.
Le deuxième chemin conduit directement au sud, soit en traversant
le djebel Lazereg, soit en descendant la vallée qui aboutit à
Tadjemout.
Les nombreux chemins qui se croisent à Zenina donnent une certaine
importance à cette position.
Laghouat 1 est à la limite même du grand
désert, à 460 kil. d'Alger, à 741 mètres d'altitude, entourée
d'une oasis d'une superficie de 200 hectares environ, avec 30,000
palmiers; à côté de la ville arabe est un quartier européen
agréablement construit.
Laghouat avait été visité pour la première fois par les
colonnes du général Marey-Monge en 1847; mais ce fut en 1852
seulement que le général Pélissier s'en empara, après une
résistance acharnée. C'est aujourd'hui une véritable place de
guerre, entourée d'une vaste enceinte crénelée, avec les
1 Latitude nord =33°48'; longitude ouest = 0° 32'. |
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