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   deux forts Morand et Bouscarin, construits sur des rochers, et qui ont des vues étendues. Outre la garnison, on y entretient une forte colonne mobile et des magasins importants. C'est la place de ravitaillement et la base principale des entreprises que l'on pourra tenter pour pénétrer dans le Sud; c'est le poste le plus avancé de la civilisation moderne sur les confins de la barbarie africaine, le poste de liaison entre le Sud-Oranais et le Sud de Constantine, le point de divergence des routes qui conduisent vers l'ouest chez les Oulad Sidi Cheikh ; vers le sud, au Mzab et à Ouargla; vers l'est, dans les Ziban et à Biskra. Le climat y est excessif; la température varie dans une année de - 7° à + 45°.

Laghouat est au milieu d'une région désolée, bien appelée le désert d'érosion. Les rochers qui émergent de la mer saharienne ne sont que les débris des terres effondrées. En observant leurs assises fichées verticalement dans le sable, on a le sentiment d'une effroyable destruction. Leurs ruines ressemblent à des épaves pétrifiées de vaisseaux gigantesques, brisés par quelque tempête formidable; depuis des siècles et des siècles, nulle verdure n'est venue couvrir ces ruines; elles resteront éternellement stériles, avec leurs murs rougeâtres qui percent leur linceul de sable, sans cesse battues par des vents brûlants et calcinées par un soleil de feu. Cependant, au centre même de ces roches effondrées, dans les fonds où les terres argileuses retiennent un peu d'eau, on trouve quelques plantes et même quelques cultures; des fermes et de petits ksour s'abritent dans les cuvettes du Miloch et d'el-Haouita.

La ceinture de rochers qui ferme ces cuvettes, présente un aspect très pittoresque ; ce sont des murailles énormes renversées les unes sur les autres, et dont les brisures offrent au-dessus de la plaine le plus bizarre profil. Le Guern Haouita (petit enclos) s'élève à 1185 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec un relief absolu de 140 mètres.

    

 

   

 

1° LE SAHEL ET LA MÉTIDJA.

 

Depuis l'embouchure de l'oued Nador qui limite à l'est le Dahra, près du petit port de Tipaza, jusqu'à l'embouchure de l'Isser qui limite à l'ouest la Kabylie; la côte ne présente qu'une profonde échancrure, entre la pointe Pescade et le cap Matifou. C'est l'admirable baie d'Alger.

Alger (el-Djezaïr, les îles) est une des plus belles stations maritimes du bassin de la Méditerranée. Le panorama qu'offre sa rade serait comparable à celui du golfe de Naples si un Vésuve la dominait.

Les terrasses étagées des blanches maisons de la ville arabe, qui se serrent autour de l'ancienne kasba, dominent le quartier européen, dont les lourdes constructions à étages symétriques contrastent d'ailleurs fâcheusement avec le paysage semi-oriental qui les encadre. Des collines boisées, parsemées de villas et de jardins de plaisance, dessinent autour de la ville une charmante guirlande de verdure. Un ciel presque toujours pur, la mer du bleu intense des bassins méditerranéens, un climat d'une extrême douceur sous lequel on ignore les rigueurs de l'hiver, et dont les chaleurs des trois mois d'été sont toujours tempérées par la brise marine, tout cet ensemble contribue à faire de la ville d'Alger un des lieux les plus favorisés du globe. Aussi s'accroît-elle avec une merveilleuse rapidité depuis que l'occupation française en a permis le séjour aux familles riches de l'Europe. Sa population est aujourd'hui de plus de 70,000 habitants.

Son port, insuffisamment abrité contre les vents

 
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