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de distinguer la grande Kabylie de la petite Kabylie, en réservant
cette dernière dénomination à la région de la rive droite de
l'oued Sahel. Nous ne nous occupons ici que de la grande Kabylie,
c'est-à-dire du massif de montagnes circonscrit au sud par l'oued
Sahel, à l'ouest par l'oued Isser.
Ces montagnes se décomposent en deux
étages : celui du littoral dont le massif de Dellys forme le
centre, et la chaîne principale dont les escarpes gigantesques
dominent la rive gauche de l'oued Sahel.
Le centre de celle-ci et de la Kabylie
tout entière est le massif du Djurdjura, qu'entoure, comme
un chemin de ronde, la route Bordj Bouira - Dra el-Mizan -
Fort-National - Col de Tirourda - Beni Mansour. La cime la plus
élevée, Lella Khedidja, atteint 2,308 mètres.
Des extrémités de la chaîne du Djurdjura se séparent, vers le
nord, deux arêtes ou contreforts qui vont rejoindre la chaîne du
littoral, de sorte que l'ensemble dessine une grande ellipse qui est
le bassin de l'oued Sebaou. L'oued Isser et l'oued Sahel sont les
fossés extérieurs de cette énorme forteresse naturelle.
L'oued Isser reçoit ses
premières eaux de la chaîne du kef Lakhdar et de la portion
occidentale de la chaîne du Dira; celles qui descendent du kef
Lakhdar portent le nom d'oued el-Melah.
Celles qui descendent du djebel Dira sont
l'oued Halleba et l'oued Zeroua. Elles se réunissent
et prennent alors le nom d'Isser. Près de leur confluent passe la
route d'Alger à Aumale, par Tablat.
L'oued Isser, qui coule d'abord vers
l'ouest, se replie, à angle aigu vers le nord-ouest, pour franchir
les montagnes par la gorge de Palestro.
Palestro, village d'environ 250
habitants, à 1 kil. de la rivière, a été attaqué par les
Kabyles lors de l'insurrection de 1871 et brûlé. La plupart des
habitants ont été massacrés après une résistance acharnée. Les
ruines ont été réparées.
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Entre Palestro, Beni Amram, et Souk el-Haad, villages de
colonisation crées en 1872, l'Isser coule entre des murs de
rochers, dans des gorges superbes qui rappellent celles de la
Chiffa. De chaque côté de sa vallée, qui s'élargit en certains
endroits et offre des terrains fort riches, des villages kabyles,
bâtis en pierre et entourés de jardins, s'accrochent aux crêtes
des montagnes.
Le col des Beni Aïcha, avec le village de Ménerville, passage de
la route d'Alger, est à 6 kil. au nord-ouest de l'Isser. C'est la
poterne occidentale de la Kabylie.
La vallée inférieure de l'Isser est bordée de villages de
création récente, au milieu de terres fertiles. Le centre de
cette circonscription est Bordj Menaïel.
L'oued Sebaou, la rivière centrale de la Kabylie, parcourt.
de l'est à l'ouest une très large vallée longitudinale qui longe
le pied méridional de la chaîne du littoral, puis il se recourbe
perpendiculairement, et perce cette chaîne pour se rendre à la
mer à quelques kilomètres à l'ouest de Dellys.
Trois grandes coupures perpendiculaires, dont la plus profonde est
creusée par l'oued Aïssi, lui amènent (r. g.) les eaux de
la grande chaîne.
Au centre de son bassin, mais séparé de sa vallée même par un
petit massif boisé, Tizi Ouzou, sous-préfecture avec un
fort et une ville française de 400 habitants environ, a été
bàti en 1858 sur un mamelon qui domine la plaine à grande
distance. C'est le chef-lieu administratif de la grande Kabylie.
C'était autrefois la limite de la domination romaine. Les Turcs ne
l'avaient pas dépassé. La ville fut attaquée par 10,000 Kabyles
au début de l'insurrection de 1871, et en partie détruite; on l'a
reconstruite depuis. Le bordj résista un mois, jusqu'à l'arrivée
d'une colonne de secours.
Deux autres positions fortifiées dans les montagnes, Dra el-Mizan
et Fort-National, maîtrisent la Kabylie.
Dra el-Mizan est un village de 500 habitants européens, avec un
fort. Il a été créé en 1855. |
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