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   tièdes, et que leur scepticisme religieux se rapproche du nôtre, on est assez disposé à en conclure à une certaine aptitude d'assimilation.

Cette opinion s'était déjà très répandue avant l'insurrection de 1871 ; elle perdit alors la plupart de ses partisans, mais elle en a recruté de nouveaux qui semblent avoir ignoré ou avoir oublié l'acharnement sauvage, les barbaries, les cruautés dont les insurgés donnèrent alors l'affligeant spectacle.

Tous les villages européens furent pillés et ravagés, tous les bordjs furent attaqués et bloqués. Quelques-uns subirent des investissements de deux mois, eurent à repousser d'énergiques tentatives de vive force et à se défendre contre les approches faites à la mine; mais tous purent heureusement tenir assez longtemps pour permettre aux colonnes de secours de les dégager.

Le pays a été durement châtié, de lourdes contributions de guerre ont été imposées aux populations, une partie des terres mises sous le séquestre et affectées à des villages de colonisation.

On peut espérer que la leçon a été assez rude pour détourner les Kabyles de nouveaux soulèvements, au moins pendant quelques années; mais ces gens sont crédules et rien n'assure qu'ils ne se laisseraient pas aller encore aux excitations d'agitateurs qui leur représenteraient la France comme impuissante ou paralysée par une guerre européenne.

Cependant les routes stratégiques que l'on ouvre, les chemins muletiers qu'on améliore, rendent de plus en plus difficile l'insurrection dans les montagnes; lorsque les batteries pourront circuler au trot de leurs attelages des Beni Mansour à Fort-National comme elles vont déjà de Fort-National à Tizi Ouzou,

    

 

   

il n'y aura plus un village du Djurdjura que nos canons ne puissent démolir en quelques instants, et les soldats qui auront à châtier les insurrections de l'avenir resteront incrédules lorsqu'on leur dira que leurs devanciers ont traversé ces précipices, gravi ces rochers où aucune sente n'était tracée, qu'armés d'un fusil à peine supérieur comme portée à celui de l'ennemi, ils ont emporté d'assaut ses villages et l'ont délogé de ses nids d'aigle.

Il n'y a point de juifs en Kabylie, mais il y a des Arabes. Ce sont, en général, des marabouts descendant de ceux qui ont, il y a 350 ans environ, introduit l'islamisme dans le pays. Ils habitent des villages à part ou des quartiers séparés dans les villages. Ils reçoivent certaine rémunération comme salaire plutôt que comme tribut religieux; ils n'ont qu'une influence restreinte, mais ils sont néanmoins écoutés et peuvent être considérés comme des agents dangereux de propagande.

 
5° LES HAUTS-PLATEAUX.

Les monts des Oulad Nayl et du Zab.

Nous avons déjà dit quelle était la physionomie d'ensemble des plateaux de la province d'Alger. Toutefois, à l'est du Chélif, leurs limites nord et sud ne paraissent pas aussi nettement tracées que dans les parties occidentales.

Une longue arête présentant des escarpes au nord, que nous avons appelée la chaîne des Oukaït et des Seba Rous, les partage de l'ouest à l'est: Oukaït Gharbi (1193m), Oukaït Chergui (1188m) et sépare le bassin particulier des Zahrez au sud, du versant de la daya Dakla au nord. Une partie des eaux qu'ils reçoivent s'écoulent, en outre, vers le creux du Hodna.

 
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