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Ces crêtes ne sont point continues ; elles sont, au contraire, brisées en de nombreux tronçons ; dans les coupures qui les séparent, passent les routes suivies par les caravanes des Oulad Nayl, lors de leurs migrations annuelles. Les principales sont celles de Zenina, par l'oued Tademit ; de Djelfa sur Laghouat et de Djelfa sur Messad; du Zahrez Chergui et de Bou Saâda sur Aïn Rich et l'oued Djedi.

Djelfa est au point de divergence des eaux vers les Zabrez, vers le Hodna, et vers le Sahara. C'est le centre du commandement des Oulad Nayl et la résidence de leur aga.

Ces tribus ont, dans cette région, huit villages principaux ou dacheras, qui leur servent de dépôt et qui ont chacun de 100 à 300 habitants. Ce sont : Ksar Charef, à 60 kil. ouest de Djelfa, au pied septentrional du djebel Djerf (1500m), sur la route de Zenina; Hamra, à 44 kil. sud-ouest; Zaccar, à 40 kil. sud, dans un défilé où passe un des chemins les plus fréquentés du Sud, qui conduit par Messad dans l'oued Djedi; Medjbara, à 36 kil. sud-ouest sur un autre chemin qui conduit aussi à Messad. Ces quatre villages sont rangés en demi-cercle autour de Djelfa, sur les routes ordinaires des caravanes. Djelfa est donc leur centre naturel et leur principal marché.

A plus grande distance : Amoura, sur le versant sud du djebel Bou Kahil; puis, groupés près de la cluse, que la rivière de Tademit traverse pour descendre dans la vallée saharienne de l'oued Djedi, les villages de Messad, Demmed, el-Hania. Messad est le plus peuplé et le plus important.

C'est là une des grandes portes des caravanes. Les Romains y avaient un poste.

Dans leurs migrations d'hiver, les Oulad Nayl s'enfoncent très loin dans le Sud, entre les terrains de parcours des Larbaâ à l'ouest et ceux des Chambaâ à l'est; ils sont en contact avec les Touareg et les gens du Touat. Le nom de ces nomades est connu dans toute l'Algérie, car ils ont la coutume d'envoyer leurs filles faire métier de galanterie dans les villes.

    

 

   

Ce sont ces femmes qui forment le noyau de la population galante de tous les ksour du Sud. Lorsqu'elles ont amassé un pécule suffisant, elles cèdent la place à d'autres, rentrent dans leurs tribus et se marient. Quelques-unes d'entre elles ont du charme et une certaine distinction naturelle. Aussi exercent-elles souvent un très grand ascendant sur les chefs arabes qui font parfois pour elles des prodigalités folles 1.

L'oued Tademit, qui est le déversoir de la daya du même nom, traverse la route de Laghouat près de Motta el-Oust (auberge ruinée). C'est un des affluents principaux de l'oued Djedi auquel il se réunit à 90 kil. environ en aval de Laghouat.

Il reçoit (r. g.), par l'oued Seddeur, les eaux du versant méridional du djebel Sera, qui arrosent les plantations des caravansérails de Ksar Seddeur, de Ksar Zeïra, et d'Aïn el-lbel.
Près de ce dernier, on avait construit un village arabe, mais lés habitants sont, pour la plupart, retournés à la vie nomade.

Les montagnes de ceinture du bassin de Tademit sont élevées : au nord, le djebel Senalba, 1570m; au sud, le Dra el-Merga, 1215m. On y trouve des plateaux aux murailles rocheuses, surmontées de chapeaux calcaires de formes géométriques, qui ont, de loin, l'apparence de fortifications. Les richesses forestières sont importantes, mais peu exploitées.

L'oued Tademit change plusieurs fois de nom. Il s'appelle oued Demmed à partir du ksar Demmed, où il franchit la dernière ride de la chaîne saharienne. En amont de ce point, il reçoit (r. g.) plusieurs oueds dont les vallées permettent de remonter dans les montagnes. Les principaux sont l'oued Medjbara, qui conduit à Djelfa ; l'oued Bel Aroug, qui conduit à

1 Lorsqu'elles ont des enfants, elles gardent ordinairement les filles et renvoient les garçons à leur tribu. On dit qu'Abd el-Kader avait voulu imposer aux Oulad Nayl de renoncer à cette coutume. Ils obéirent, mais, l'année suivante, une grande sécheresse ayant décimé leurs troupeaux, ils considérèrent ce fléau comme une punition du ciel et revinrent à leurs anciennes mœurs.

 
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