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accroître la prospérité et la richesse. La culture littéraire n'a jamais eu qu'un caractère local et une étendue restreinte, soit, à diverses époques, autour des quelques grandes villes du littoral : Oran, Cherchel, Alger, Bougie, Bône ; soit, dans l'intérieur, autour de Tlemcen, de Mascara, de Constantine, de Tebessa.

Manquant d'aliments suffisants, elle n'a pu résister à l'ouragan des grandes incursions barbares et s'est éteinte partout sans laisser d'autres traces que quelques ruines.

L'Algérie est, en quelque sorte, formée de comparti­ments juxtaposés qui ont certaine analogie entre eux dans le sens des parallèles, sans toutefois se ressembler, et qui, dans le sens des méridiens, ont une dissemblance complète, comme aspect, comme produits du sol, et comme mœurs des habitants.

C'est ce morcellement naturel du pays qui explique les destinées à peu près identiques des peuples qui, depuis l'origine de l'histoire, ont vécu sur cette terre, l'ont conquise, et l'ont perdue.

La conquête a toujours été longue, difficile, laborieuse, parce que le défaut de cohésion de la défense, conséquence de la nature du sol, obligeait le conquérant à se rendre successivement maître de chaque carré de montagne, et qu'il ne suffisait pas de porter un grand coup sur un point donné pour réduire une contrée à l'obéissance.

Une fois la conquête terminée, c'est-à-dire lorsque la résistance armée a été réduite, la domination du conquérant s'est maintenue avec une assez grande facilité ; elle a cependant été ébranlée par des révoltes fréquentes, mais en définitive impuissantes, parce que, à la dissémination et au manque d'entente des vaincus, le vainqueur

    

 

   

 

opposait une unité de vue et d'efforts qui devait lui assurer le succès.

L'histoire du passé a été l'histoire du présent; mais les conquérants modernes de l'Algérie ont des moyens d'action bien autrement efficaces que ceux dont disposaient leurs devanciers. L'électricité et les chemins de fer rapprochent pour eux les distances ; il leur sera sans doute possible de constituer un centre artificiel à ce pays qui manque de centre naturel, et, par conséquent, de mieux asseoir leur puissance.

L'histoire dit encore que le particularisme géographique des provinces amène logiquement un particularisme dans les intérêts et dans les tendances, et que c'est là une cause notable de faiblesse dont a toujours souffert le nord de l'Afrique.

En y établissant une forte centralisation, on écartera ces inconvénients dont le passé révèle les dangers; et l'on pourra espérer justement dans l'avenir.
 


Le nord du continent africain, depuis les côtes occidentales du Maroc jusqu'aux côtes orientales de la Tunisie, présente une grande unité de structure.

Il semble être le résultat d'un plissement considérable de l'écorce terrestre, dont la direction générale est sensiblement parallèle à la direction du soulèvement des Grandes-Alpes; il pourrait en être contemporain. L'alignement en est donné par la ligne : Pic de Ténérife - Etna. Il est très remarquablement caractérisé par la vallée marocaine de l'oued Draâ, par la vallée algérienne de l'oued Djedi, et par son prolongement jusqu'au golfe de Gabès 1.

1 L'orientation sur le méridien de Paris du plissement des Biban (département de Constantine) est sensiblement de 73° comme pour les

 
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