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6° LE SAHARA.
Oued Djedi. - La longue vallée de l'oued Djedi limite au
sud les accidents montagneux de la chaîne saharienne; elle se
termine dans le chott Melghir, à l'extrémité du grand bassin que
l'on a appelé le bassin de la mer intérieure de l'Algérie.
Il fut un temps où ces régions, désolées aujourd'hui,
étaient abondamment arrosées; l'oued Djedi était un grand fleuve
qui coulait à pleins bords, emplissant une large vallée dont on
voit encore les belges érodées par les eaux. Ses tributaires
étaient nombreux et puissants. Les grands pachydermes habitaient
ses rives. On peut croire même que l'homme a vécu dans cette
région à une époque antérieure à toute histoire et qui
coïncide peut être avec la période de la grande extension des
glaciers des Alpes. Aujourd'hui, l'oued Djedi n'a d'un fleuve que le
nom; ses eaux affleurent parfois lorsque le sous-sol est
imperméable, mais, la plupart du temps, elles disparaissent sous
les sables et la région que parcourent ses affluents a reçu le nom
expressif de Bled el-Atoch (le pays de la soif).
L'oued Djedi est formé en aval de Laghouat par la réunion de
l'oued Mzi et de l'oued Messad.
Dans l'oued Mzi, les eaux coulent presque toute l'année
et les pluies de l'hiver en font souvent une rivière véritable,
ayant plusieurs centaines de mètres de large. Ce sont ces eaux qui
alimentent les oasis de Laghouat 1. Les têtes des
vallées supérieures tributaires de l'oued Mzi se trouvent sur le
plateau d'Aflou, à peu de distance de celles qui descendent vers le
Chélif.
1 Au printemps de 1884, à la suite de
pluies abondantes, les eaux de l'oued Mzi ont inondé les parties
basses de la ville de Laghouat et causé de grands dommages.
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L'oued Mzi traverse la région des Gada, se dégage des montagnes
par le kheneg Seklafa, près de Rima, et passe au pied du ksar de
Tadjemout.
En amont de ce ksar aboutissent (r. g.) l'oued Manreg, qui ouvre la
route de Zenina, et, en aval, l'oued Mograte, qui conduit à la
daya de Tademit. L'oued Mzi reçoit (r. d.), dans le kheneg
Seklafa, la rivière d'el-Ghicha, qui descend, comme lui, du plateau
d'Aflou, et arrose des cultures assez étendues. En aval de
Tadjemout, il reçoit (r. d.) l'oued Mkrabet, dont les torrents
supérieurs percent la muraille du Kef Guebli en ouvrant plusieurs
passages, notamment celui du Foum Reddad, qui est la meilleure
communication entre Aïn Madhi et Aflou. L'oued Mkrabet passe près
d'Aïn Mahdi. L'oued Messad, qui n'est, au-dessous de
Laghouat, qu'une vallée saharienne, c'est-à-dire ordinairement à
sec, se réunit à l'oued Mzi; il reçoit, entre autres, l'oued d'el-Haouita,
qui vient du petit cirque rocheux du même nom.
En descendant la vallée de l'oued Djedi, on passe près des petit
ksour ruinés d'el-Assafia et d'el-Hiran. A 90 kilomètres de
Laghouat, finit (r. g.) la vallée de l'oued Tademit, dont
nous avons déjà parlé. C'est le principal tributaire de l'oued
Djedi. Le défilé, par lequel il traverse la dernière ride des
montagnes, est un des passages principaux des caravanes venant du
Sud et qui se dirigent ensuite vers les différentes dacheras des
Oulad Navl. Plus en aval, la vallée de l'oued Djedi est
déserte et sans cultures; il faut signaler le confluent de l'oued Namous
(r. g.), passage de la route de Bou Saâda par Aïn Rich, sur
Tougourt et Ouargla. |
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