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C'est le seul point intéressant jusqu'à
l'entrée des Ziban, qui appartiennent, au point de vue
géographique comme au point de vue administratif, à la province de
Constantine.
Lorsque l'on dépasse Laghouat en
s'avançant vers le sud, on entre dans le grand désert, dans le
Sahara jusqu'ici insondé. Ce sont d'abord de grandes plaines de
sable ou d'argile doucement modelées par quelques vallées peu
profondes, puis des ravines aux berges arrachées, séparées par
des plateaux de cailloux brisés, enfin des sables purs amoncelés
par les vents en dunes instables. Au delà de ces sables, on atteint
un pays plus accidenté ; d'un côté le Touat, sur le même
méridien que Laghouat, de l'autre les montagnes inexplorées du
pays des Touareg.
Les Bayas. --- La première
région s'appelle la région des Dayas ; c'est la solitude, mais ce
n'est point la stérilité. Le sol est couvert de touffes de
salsolacées ligneuses, d'armoises, d'hélianthèmes, de différents
arbrisseaux épineux; l'alfa est fort rare. Dans les parties creuses
se forment de petits étangs temporaires, ce sont les dayas. Il en
est de quelques mètres seulement de large, d'autres ont plusieurs
kilomètres de tour.
D'épais buissons de jujubiers sauvages,
que dominent les belles ramures du pistachier (betoun ou
térébinthe), protègent un gazon qui reverdit au moment des pluies
d'automne et subsiste une grande partie de l'année.
Ces bosquets verdoyants charment la vue et offrent un abri agréable
contre la chaleur du milieu du jour.
Lorsque l'on voyage dans ce pays au
moment où les arbrisseaux portent leurs feuilles, on pourrait
croire traverser les grandes plaines de la Beauce, après la
récolte faite; les dayas ressemblent de loin aux petites remises
boisées qui interrompent la monotonie des champs dépouillés de
leurs chaumes. Ce sont elles
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aussi qui abritent les petites hardes de gazelles et quelques
gracieux oiseaux qui animent ces solitudes.
Avec quelques précautions, ces dayas seraient cultivables;
quelques-unes, comme celle de Tilghempt sur la route du Mzab,
conservent l'eau pendant longtemps. Les superbes térébinthes qui
la couvrent (on en compte 3,000), attestent la fertilité du sol;
on pourrait peut-être y créer des oasis, mais les récoltes
seraient trop souvent à la merci d'une sécheresse inopinée ou
d'une tempête du simoun, le vent maudit.
Aussi nulle part ne trouve-t-on de campements agricoles; cultiver
le désert et le peupler est un rêve généreux dont la
réalisation serait possible toutefois si les forages artésiens se
multipliaient assez pour arroser le sol et si des capitaux
affluaient dans le pays, mais il faudrait alors, au lieu des
quelques bandes de nomades disséminées sur de vastes espaces, une
population dense fixée à la terre.
Les Européens n'ont point encore épuisé les contrées où leur
race peut prospérer sans souffrances; les Arabes nomades sont trop
heureux de leur vie libre pour vouloir la modifier; quant aux noirs
du Soudan, qui pourraient fournir des éléments de population
adaptés au climat, leurs migrations vers le nord de l'Afrique ne
paraissent point devoir être prochaines, et seront peut-être
dangereuses, en dépit des espérances de quelques hommes
d'imagination.
Le désert convient à la vie pastorale telle que la mènent les
Larbaâ, les Chambaâ, les Oulad Nayl. Les besoins de la
civilisation ne conseillent pas de leur disputer leurs domaines.
La Chebka. - A 150 kilomètres au sud de Laghouat, on entre
dans la Chebka : |
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