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Le Mzab.
Dans une des vallées de la Chebka, qui
s'élargit en forme de cirque, s'est établie, il y a huit siècles
(el-Ateuf a été fondé en 1013), une population d'émigrants,
persécutés religieux, les Mzabites, qui ont donné leur nom à
l'oued Mzab. Ils venaient, en dernier lieu, de la région d'Ouargla,
où ils avaient séjourné 40 ans et construit des villes, dont les
noms se retrouvent dans celles du Mzab ; mais leur secte avait pris
naissance en Arabie.
Cinq villes se sont élevées les unes
près des autres sur les berges rocheuses qui dominent la vallée :
ce sont Ghardaïa et Melika, fondées en 1589, Beni Isguen, et Bou
Noura, fondées en 1407, el-Ateuf, fondée en 1013. La plus
importante est Ghardaïa, sur un rocher conique, isolé au milieu de
l'oued Mzab.
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Outre les cinq villes de l'oued Mzab, les Mzabites ont encore
Berrian, fondé en 1720, à 30 kil. au nord de Ghardaïa, et Guerara, fondé en 1589, à 86 kil. au nord-est d'el-Ateuf.
La population totale est évaluée à 45,000 individus.
Toutes ces villes sont bâties en amphithéâtre, dominées par le
minaret de la mosquée, qui se dresse comme un style gigantesque au
point le plus élevé. Les maisons, sordides d'aspect, s'étagent
les unes au-dessus des autres ; les rues sont étroites, sales et
tortueuses. Chaque ville est partagée en deux sofs, ennemis
acharnés, qui, avant l'occupation française, se livraient de
sanglants combats. L'arme ordinaire du Mzabite est l'énorme clef
de sa maison, casse-tête terrible entre ses mains. Toutefois, ces
gens ne sont pas d'humeur guerrière ; ce sont d'habiles marchands,
de riches négociants même. Au lieu de se battre, ils préfèrent
acheter la paix à prix d'argent et, avant notre occupation, ils
soudoyaient même quelques tentes arabes qui campaient en dehors de
leurs murs pour les protéger contre les pillards de l'extérieur.
Ces agrégations d'Arabes portaient le nom de zaouïas, bien
qu'elles n'eussent rien de religieux 1.
Chaque ville est entourée d'une enceinte dont les portes sont
closes à la nuit,
Il y a des Arabes dans quelques villes : environ 600 à Berrian,
500 à Guerara, 100 a Ghardaïa.
A Ghardaïa, un quartier est réservé aux juifs, plus méprisés
et plus misérables ici que partout ailleurs; mais, comme ils
exerçaient certains métiers utiles, bijoutiers, armuriers,
cordonniers, tanneurs, on ne leur permettait pas même de quitter
la ville. Quand une ville de la confédération avait besoin de
leurs
1 Commandant Coyne, Le Mzab. |
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