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services, le caïd en faisait la demande à celui de Ghardaïa, qui
autorisait tant de juifs à sortir pour tant de jours. Ils ne
pouvaient user que de l'eau d'un seul puits. Le quartier qu'ils
habitaient était d'une saleté repoussante; leurs habitations
ignobles.
L'occupation française a eu pour
conséquence de rendre leur situation moins dure; cependant, le
décret du 24 décembre 1870, relatif à la naturalisation en masse
des israélites, ne leur a pas été appliqué.
A Ghardaïa, les juifs (au nombre de 740
en, 1884) ont 200 maisons; à Berrian et à Guerara, il n'y a que 7
ou 8 maisons juives. Ils ne sont pas tolérés dans les autres
villes.
On rencontre aussi un certain nombre de
noirs ; ce sont des esclaves amenés du Soudan, que les Mzabites
emploient à la culture des jardins. Beaucoup sont affranchis. Leur
condition n'est pas plus dure, d'ailleurs, que celle des autres
serviteurs et ils s'attachent souvent à leurs maîtres lorsqu'ils
en sont bien traités.
Au moment de l'annexion, on comptait au
Mzab 327 esclaves et 961 nègres affranchis.
Un certain nombre d'esclaves, dans les
premiers temps, se sont enfuis et sont venus demander protection aux
autorités françaises ; mais, lorsqu'on leur a dit qu'ils seraient
obligés de chercher du travail pour vivre, la plupart sont
retournés chez leurs anciens maîtres.
Les esclaves se sont ainsi transformés
en serviteurs à gages sans qu'on ait eu à souffrir de la crise que
leur émancipation avait tout d'abord fait craindre.
L'esclavage doit, à coup sûr,
disparaître d'une terre où flotte le drapeau français ; il doit
disparaître comme institution ; l'esclave recouvrera donc sa
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liberté d'homme, mais, devenu libre, il ne saurait se soustraire
pour cela à la loi de travail qui est la condition d'existence de
toute société.
Chacune des villes du Mzab constituait une petite république
théocratique, gérée par l'assemblée des tolba ; mais bien que
leurs mœurs, leurs lois, leurs intérêts généraux, fussent les
mêmes, les villes du Mzab ne formaient point une confédération
dans le sens ordinaire de ce mot.
Les lois religieuses sont extrêmement rigoureuses et leur imposent
des règles étroites. Les femmes sont assujetties à une clôture
absolue ; elles sont complètement voilées et ne sortent jamais
que pour aller aux jardins. Il ne leur est pas permis de voyager,
tandis que l'instinct de la race, autant que l'insuffisance des
ressources de leur pays, poussent les Mzabites à aller commercer
partout où il y a quelque profit à faire.
Ceux qui s'expatrient encourent les censures religieuses, mais il
est, sans doute, des accommodements avec l'Église, et
l'émigration est la règle générale de la population ; il n'est
pas un village de l'Algérie qui n'ait sa boutique de Mzabite où
l'on trouve des étoffes, de menus objets, des ustensiles, des
épices, etc., nécessaires à l'Arabe comme à l'Européen.
Guelma et Constantine ont une population nombreuse de Mzabites ; on
les trouve non seulement dans le Tell algérien, mais dans toute la
Tunisie. Quelques-uns ont acquis de grandes fortunes 1.
Mais l'émigrant revient de temps à autre, chaque
1 Le caïd de Melika possédait 4 magasins à Batna, 2
à Constantine, 2 à Médéa, le Hammam à Alger; il avait 22
maisons à Constantine. |
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