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L'oued bou Selam, principal
affluent de l'oued Sahel, a un grand développement. Il commence au
nord de Sétif près du village d'el-Ouricia, alimente les belles
fermes de la banlieue de cette ville, reçoit plusieurs tributaires
dont le plus notable est l'oued Melah, qui vient des Righa. Il
franchit le prolongement de la chaîne des Biban, près du djebel
Guergour, et traverse une partie de la petite Kabylie. Son lit se
replie ensuite dans un plissement dans la direction ordinaire du
nord de l'Afrique, et se termine en face d'Akbou.
Son principal tributaire est (r. g.)
l'oued Mahadjar. Il descend du plateau de la Medjana et
franchit la chaîne des Biban à Mahleg el-Ouidan. Il reçoit, en
amont de la cluse, plusieurs rivières qui traversent un pays très
accidenté, entre des montagnes profondément érodées de 1400 à
1500 mètres d'altitude. L'un de ces cours d'eau (r. d.), l'oued Chertiouna,
a conservé le nom de l'ancienne ville épiscopale de Serteï, qui
était située près de Zamoura. Zamoura est, elle-même, une
ancienne forteresse arabe, fondée en 1560, pour maintenir les Beni
Abbès. Les Turcs y tinrent garnison jusqu'après la prise d'Alger.
De nombreux villages kabyles se pressent
sur les montagnes qui entourent l'oued Mahadjar. Cette rivière,
l'oued des Biban, et l'oued Sahel, dessinent une grande
circonférence et forment un grand fossé circulaire autour d'un
épais massif dont les cimes atteignent 1200 à 1300 mètres. C'est
là le pays des Beni Abbès et des Beni Yadel. A peu près au centre
du cercle, sur un rocher difficilement accessible, près du bordj
Bent, se trouve la Kala ou Guela 1,
c'est-à-dire la place de sûreté où les Mokrani et les principaux
propriétaires de la Medjana mettaient leurs richesses à l'abri et
emmagasinaient leurs grains. Il est toujours de tradition pour les
anciennes familles d'y garder en réserve une certaine quantité de
blé. La grande pureté de l'atmosphère permet de le conserver
pendant de longues années, 50 ans et plus.
1 Ce nom de
Guela est également donné dans l'Aurès aux tours fortifiées qui
servent de magasins de réserve.
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L'ancienne route militaire de Sétif à
Bougie traverse la chaîne des Biban entre le djebel Anini
(1546m) à gauche et le djebel Meghris (1722m) à droite. Ce
défilé était gardé, à l'époque romaine, par un poste dont on
voit les ruines près du caravansérail d'Aïn-Roua. La route est
ensuite tracée sur les crêtes qui séparent le bassin de l'oued
bou Selam des petits bassins côtiers à l'est de Bougie. Elle
traverse un pays extrêmement tourmenté et passe au pied du djebel Takintoucht
(1674m environ) ; elle est jalonnée par les caravansérails des
Beni Abdallah, des Guifser, et de l'oued Amizour. Près du
caravansérail des Guifser, sur la crête du Dra el-Arba, était
aussi un poste romain. Enfin, on trouve encore des ruines éparses
près de l'oued Amizour. Le village de Colmar est à peu de
distance.
Cette route très importante, au point de
vue de la domination militaire de la petite Kabylie, a été
construite de 1849 à 1856. Elle n'est que rarement suivie
maintenant depuis l'achèvement de la superbe chaussée du Chabet
el-Akra.
On donne le nom de Chabet el-Akra
(ravin de la mort) à une gorge superbe de la chaîne des Babor par
laquelle s'écoulent les eaux de l'oued Agrioun. Le défilé, entre
la ferme de Karrata en amont et le bordj du Caïd en aval, a 10 kil.
de long; il est bordé de murailles de 1700 à 1800 mètres de haut,
rochers à pic de l'aspect le plus grandiose, dont les sommets sont
boisés et si rapprochés que le soleil n'y pénètre qu'à l'heure
de midi. La route a été ouverte de 1863 à 1870 1. Les
Kabyles, qui y furent employés en grand nombre; acquirent alors la
pratique des travaux de mine dont ils devaient, quelques années
plus tard, lors de l'insurrection, tenter de faire l'application,
dans l'attaque des bordjs.
La chaîne des Biban est séparée de la
chaîne des Babor par une belle vallée cultivable. On franchit la
première ride
1 La dépense a
été de 1,630;000 francs:
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