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La plaine que l'on traverse entre le bordj Lakhdar et Aïn Guettar a une physionomie très particulière. L'horizon n'est borné par aucune chaîne continue de montagnes, mais, du fond de cet ancien bassin lacustre, surgissent un grand nombre d'îlots rocheux, auxquels leur forme caractéristique a fait donner le nom de Chapeaux de gendarme. Au sud des hauteurs d'Aïn Guettar, on n'en compte pas moins de douze ressemblant à un archipel sporadique de l'aspect le plus singulier. Les dominant tous, se dresse une table énorme, témoin des anciennes érosions : c'est la Galaa el-Esnam, au sommet de laquelle est un pauvre village tunisien.

3° LE HODNA.

Le Hodna était un vaste lac qui comptait plus de 100 kilomètres de long sur près de 80 kilomètres de large. Ce que l'on appelle le chott el-Hodna n'est qu'une minime partie du bassin autrefois inondé. Le chott a les mêmes caractères que ceux des Hauts-Plateaux oranais, mais il est à 500 mètres seulement d'altitude; aussi, à l'époque des pluies, reçoit-il par de nombreux tributaires les eaux de la ceinture de montagnes qui l'enveloppe, mais ordinairement il est à sec. Le climat est brûlant sur ses bords, et l'on dit que la végétation aurait quelque analogie avec celle du Sénégal.

La carte géologique rend bien compte de la succession des assises alluvionnaires qui ont comblé le bassin. Dans les parties les plus basses sont des alluvions récentes fertiles, mais incultes, entourées par une ceinture de terrains lacustres plus anciens. C'est sur la limite extérieure de ceux-ci, que sont placés les centres principaux de population : Msila, Barika, Mdoukal, Bou Saâda, Ced ed-Djir.

Msila, au nord, sur l'oued Ksob, est une vieille ville délabrée, fondée en 935, plusieurs fois détruite ; nous y avons un bordj, mais la colonisation n'a pas encore pris pied dans le pays. Des ruines romaines nombreuses, des débris d'aqueducs, des citernes, etc., attestent que, pendant plusieurs siècles; une civilisation avancée a dû exploiter le Hodna. On peut espérer faire renaître cette ancienne prospérité en rétablissant les barrages et

    

 

   

en creusant des puits artésiens. Un grand nombre (30 environ) ont été forés sur tout le pourtour du chott et donnent des eaux jaillissantes ou ascendantes 1.

Barika est un poste militaire avec des moulins, à 80 kilomètres environ au sud-ouest de Batna. II établit la liaison entre Msila et Batna. A quelques kilomètres au sud, sont les ruines de la grande ville romaine de Tabna.

Mdoukal, mauvaise bourgade, est un point important à la croisée des chemins de Bou Saâda, Barika, el-Outaya, Zaatcha. Il commande les passages entre le Hodna et le bassin de la dava de Sildjen.

Bou Saâda (père du bonheur) est une oasis à palmiers de 5,000 habitants environ, chef-lieu de cercle du département d'Alger, à 560 mètres d'altitude. C'est une ville à l'aspect tout saharien ; fondée au VIème siècle de l'hégire, elle doit sa prospérité à sa position avantageusement choisie au pied des montagnes des Oulad Nayl, sur une des routes les plus suivies par les nomades. Il s'y fait un assez grand commerce d'échange par l'intermédiaire de nombreux juifs et Mzabites. Les Romains y avaient un poste de ravitaillement. Nous l'avons occupé en 1849, après la prise de Zaatcha. On a reconnu aux environs de Bou Saâda un gisement houiller de peu d'épaisseur.

Entre Mdoukal et Bou Saâda, près de l'embouchure de l'oued Chaïr, une maison de commandement a été construite à Mcif.

Le chemin de Bou Saâda à Msila traverse l'extrémité occidentale du chott, à Aïn Baniou.

Ced ed-Djir (barrage en chaux), sur l'oued Djellal, a un bordj qui sert d'étape entre Msila et Bou Saâda. Il s'y trouve des vestiges d'anciens barrages que l'on pourrait encore utiliser. Ces barrages étaient établis au point de réunion de plusieurs

1 Consulter la carte des forages artésiens de M. l'ingénieur Jus.

 
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