|
Une voie romaine, conduisant d'Auzia
(Aumale) à Castellum cellense (Kherbet Zerga, sur
l'oued Beida), longeait, au nord, les pentes de la ceinture
montagneuse du bassin; elle était jalonnée par des villes qui ont
laissé des ruines considérables :
Ad Aras (Tarmount) sur l'oued
Bouzarea, affluent de gauche de l'oued Chellal, prés de sources
abondantes qui entretiennent une belle végétation arborescente
naturelle.
Zabi (Bechilga), l'ancienne
capitale du Zab, à 4 kilomètres à l'est de Msila.
Macri (Sidi Abd Allah ben Daoua),
à 37 kilomètres à l'est de Zabi, sur l'oued Barhoum, qui prend
ses sources dans le djebel Bou Thaleb. La vallée supérieure de
cette rivière, et celle de son affluent l'oued Meneffa, sont
bordées de koubbas, de moulins, de beaux jardins, « qui font de
cette partie du Hodna un séjour enchanteur ». Les eaux descendent
en cascades des montagnes; de nombreuses seguias irriguent de
grandes cultures.
Ad Oculum Marini (Ngaous,
l'ancienne Nickouse), dont les environs étaient renommés pour leur
fertilité. L'oued Barika, qui traverse la plaine de Ngaous, reçoit
ses premières eaux du djebel Bellezma et des monts de Batna. Sa
vallée, qui a plus de cent kilomètres de développement, conserve
les traces d'anciennes cultures florissantes, dont le souvenir
contraste avec la solitude et la misère actuelles. Cependant on
voit encore quelques beaux jardins aux environs de Ngaous. Près du
bordj de Barika sont des moulins, dont un à turbine qui ne chôme
jamais. L'oued est sujet à de fortes crues. On trouve une nappe
souterraine à 10 mètres de profondeur; malheureusement il règne,
dans cette vallée, des fièvres qu'une culture régulière ferait
sans doute disparaître.
Thubuna (Tobna), dont on voit les
grandes ruines, entre l'oued Barika et l'oued Bitam, était encore
au Xllème siècle une fort belle ville, dit Edrisi.
Le bassin du Hodna reçoit, par les
pluies qui durent de novembre à mars, une quantité d'eau de
beaucoup supérieure à
|
|
|
|
celle qui serait nécessaire pour les irrigations, mais il faudrait
construire des barrages pour l'aménager. Le reboisement des
montagnes contribuerait aussi à l'amélioration des conditions
hydrologiques, en régularisant le régime torrentiel et
dévastateur des rivières; en favorisant la condensation des
vapeurs qui, actuellement, se dissipent sous l'influence de la
chaleur réfléchie par les rochers dénudés de la ceinture de
cette grande cuvette. La mise en exploitation de cette contrée
serait, à coup sûr, possible, mais exigerait de grandes
dépenses. On ne saurait, en tous cas, compter ni sur le concours,
ni même sur la sympathie des indigènes, qui récoltent ce qui
leur est nécessaire et n'ont aucun intérêt à attirer la
colonisation européenne.
En résumé, on voit donc, dans la province de Constantine trois
grands étages de bassins lacustres, que nous avons appelés la
plaine des Sbakh, le Hodna, et le Sahara. Lorsque, par suite d'une
rupture d'équilibre, le plateau des Sbakh s'est élevé tandis que
s'abaissait le bassin du Hodna, de grandes masses liquides, courant
au-dessus du plateau, se sont écoulées partie au nord vers la
Méditerranée, partie au sud vers le Sahara. Elles ont laissé,
comme nous le verrons, des traces imposantes de leur passage dans
les montagnes de l'Aurès et ont comblé la cuvette du Hodna.
A cette période de grands mouvements a dû succéder une période
de calme, une période lacustre, pendant laquelle les eaux ont
rempli les vallées les plus creuses et ont laissé déposer leurs
sédiments; puis, ces lacs se sont vidés à leur tour, et l'assèchement
progressif que l'on constate sur les plateaux de Batna n'est en
quelque sorte que leur égouttement lent qui se continue de nos
jours.
En passant des Hauts-Plateaux dans le Hodna, les eaux ont fortement
sculpté les terrains de la ceinture septentrionale. La vallée de
l'oued Ksob a été une de leurs principales directions et le canal
draineur le plus marqué du haut pays.
Le Hodna s'est vidé lui-même dans le bassin du chott Melghir par
la daya de Sildjen, et les rigoles d'épuisement se |
|