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   voient bien nettement au sud de Mdoukal dans le kheneg Douchmi (chemin d'el-Outaya) et dans le kheneg Salzou (chemin des oasis d'el-Amri et de Zaatcha).

4° L'AURÈS ET LES ZIBAN 1.

L'Aurès est un vaste pâté montagneux que l'on peut délimiter de la manière suivante : à l'ouest, par la route de Batna à Biskra par el-Kantara; au nord, par une ligne tirée de Batna à Khenchela; à l'est, par la route de Khenchela à Khanga, qui suit la vallée de l'oued el-Arab; au sud, par une ligne tirée de Biskra à Khanga. Chacun des côtés de ce quadrilatère mesure environ 100 kilomètres.
La vallée de l'oued el-Arab sépare l'Aurès du massif du djebel Cherchar.

Ces montagnes doivent leur formation à deux plissements considérables. L'un, celui du nord de l'Afrique, a produit au nord les escarpes du kef Mahmel et du Chelia (2,328m), la plus haute cime de l'Algérie. De leurs sommets on domine tout le massif aurasien, et la vue s'étend au nord sur la grande plaine des Sbakh, dont les accidents de terrain n'apparaissent plus que comme des rides insignifiantes.

L'autre plissement, dont la direction est sensiblement la même que celle que nous avons signalée dans le Sud-Oranais et dans les monts des Oulad Nayl, c'est-à-dire nord 1/4 est, a eu ici une action très puissante.
Les plis, serrés comme les fronces d'une étoffe, dessinent de longues arêtes rectilignes, des crêtes étroites, séparées par de profondes vallées parallèles n'ayant entre elles que des communications difficiles: l'oued el-Kantara, l'oued Abdi, l'oued el-Abiod,

1 L'Algérie en 1882, par le colonel Noëllat. - Les Monts Aurès. Notice historique et géographique, par C. Latruffe (Bulletin de la Société de Géographie, septembre 1880). - Voyage dans l'Aouras. Études historiques, par Masqueray (Bulletin de la Société de Géographie, juillet 1876).

    

 

   

l'oued el-Arab, dont les têtes se trouvent dans la muraille septentrionale elle-même. Les eaux ont dû s'écouler en torrents d'une effroyable rapidité à travers les montagnes de l'Aurès. A voir les gigantesques érosions de leurs falaises, on peut même supposer que c'est un océan tout entier dont les flots ont traversé ces montagnes pour aller remplir la mer saharienne, qui s'est asséchée à son tour.

En général, suivant la loi ordinaire des érosions de l'Algérie, les grands courants diluviens couraient du nord-est au sud-ouest, avec tendance constante à descendre au sud dans le bassin saharien. Ce sont donc les berges de la rive gauche des vallées qui présentent les escarpes les plus nettes; mais des accidents locaux ont parfois rejeté les eaux sur la berge opposée.

On peut être tenté de chercher dans le massif de l'Aurès une chaîne centrale, un axe de plissement, une dorsale, de chaque côté de laquelle les couches de terrain seraient redressées, comme on l'observe d'une manière si remarquable dans les Pyrénées, par exemple; par sa position, et surtout par l'ancienneté des terrains qui la constituent, la chaîne du Ras el-Dra, prolongée au sud par le djebel Lazereg, au nord par le djebel Ichemoul, par le djebel Chelia, et par le djebel Amamra, pourrait, à première vue, être prise comme axe de symétrie de l'ensemble du système. Elle est formée de terrains crétacés inférieurs; le jurassique pointe même dans le Lazereg, tandis que les autres chaînes parallèles appartiennent à des terrains plus récents.

Il peut, en effet, se faire que le Ras el-Dra présente la voûte la plus ancienne des terrains plissés et ensuite érodés par les eaux; mais il ne faudrait pas en conclure à une symétrie et à une régularité de soulèvement, comparables à ceux qui ont servi de type aux systèmes d'Élie de Beaumont, et il ne faut pas perdre de vue que ce sont les érosions qui ont été les agents principaux du modelage du sol de l'Algérie, dont la première ébauche seule est due aux plissements, aux frisures de la pellicule terrestre.

C'est encore la formation du Jura français qui peut ici,

 
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